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est que si on sème les carottes sur un champ de trèfle ou de froment, & que les anglois nomment reygras, la terre ne peut jamais être labourée d’assez bonne heure, afin que le froid & la neige puissent la diviser & la rendre propre à recevoir une si petite graine. Plus la terre est dure & tenace, plus cette attention devient nécessaire. Pour ce qui est du champ qui n’avoit porté que des raves, je le laissai reposer jusque vers la fin de Janvier ; je pensois qu’il seroit assez tôt de le labourer alors, la terre ayant été entièrement nettoyée de toutes les mauvaises herbes par la culture & les labours qu’elle avoit reçus avec la herse, pendant l’été précédent.

» De treize arpens de champ de froment, six avoient été travaillés comme si le champ devoit être ensemencé de nouveau de froment, & non pas de carottes. Sur quatre & demi, je ne mis aucun engrais, & deux arpens & demi furent fumés simplement comme pour porter des carottes. Le champ de trèfle fut travaillé de même ; & des dix-sept arpens où j’avois recueilli des raves en 1762, une partie avoit servi de bergerie, & toute la récolte de raves y avoit été consommée par les brebis & le menu bétail.

» Je trouve que quatre livres de graines suffisent pour ensemencer un arpent ; il faut, avant de la semer, avoir l’attention de la passer par un tamis fin, & de la frotter entre les mains pour la dépouiller de tout ce qui est inutile.

» Il se passe ordinairement trois semaines & quelquefois davantage, avant que les jeunes plantes paroissent, & c’est-là le principal avantage, sans parler de la différence qu’il y a dans la dépense que les raves occasionnent en comparaison de celle que les carottes exigent. » (Voyez au mot Rave les avantages qui résultent lorsqu’on alterne avec ce légume.) « Les carottes que j’avois semées en Avril sur le champ de trèfle, furent les premières en état d’être sarclées, quoique semées les dernières. J’avois donné trois labours aux champs de froment & de trèfle, tandis que je n’en avois donné que deux au champ de raves ; le premier fort léger, & le second aussi profond que la nature du terroir pouvoit le permettre. Après ce labourage, je semai les carottes.

» Il est nécessaire de sarcler les jeunes carottes, & ce sarclage ne les fait point souffrir. Quoiqu’elles se trouvent en peu de tems couvertes de méchantes herbes avant d’être sarclées, & qu’elles soient couvertes de terre après cette opération, il ne paroît cependant pas qu’elles en reçoivent aucun dommage après qu’elles ont été nettoyées de nouveau.

» Notre sarcloir a six pouces de longueur ; & pourvu que les mauvaises herbes n’y soient pas à l’excès, il n’en coûte guère plus de six livres par arpent pour les faire sarcler la première fois. Si, par hasard, il survient beaucoup de pluie, & que la terre soit humide avant d’avoir été ensemencée, ou qu’il se passe un long intervalle entre le tems de semer & celui de sarcler, ou si par toutes ces raisons prises ensemble, la terre se trouve couverte de méchantes herbes, il en coûtera depuis