Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/606

Cette page a été validée par deux contributeurs.

état d’être transplantée. Le jardinier doit alors, après avoir préparé le terrain, ainsi qu’il a été dit plus haut, commencer la tranchée à une des extrémités de la pépinière, & après avoir découvert jusqu’à l’extrémité des racines, soulever la terre sans les endommager d’une manière quelconque. S’il casse le pivot, la carotte ne prendra plus d’accroissement en longueur, mais seulement en largeur. Il ne coupera, suivant la méthode meurtrière des jardiniers, aucun des chevelus ; la reprise sera plus prompte & plus assurée. La réussite dépend beaucoup d’une petite précaution dont je me trouve très-bien pour toutes les plantes de jardinage que je fais transplanter : au moment qu’on les sort de terre, leurs racines & une partie de leur pied sont mis dans un plat plus ou moins profond, plus ou moins rempli d’eau, suivant la grosseur & la longueur de la plante que l’on tire de terre. Je prie les personnes qui regarderont cette attention comme trop minutieuse, d’en faire l’expérience comparée avec des plantes mises en terre, suivant la manière des jardiniers. Cette eau fait que la terre se joint plus intimément à la racine, & elle empêche sur-tout que l’action de l’air n’agisse sur la plante depuis qu’elle est hors de terre jusqu’à ce qu’elle y rentre ; de manière que les feuilles ne sont point fanées, & conservent leur fraîcheur.

Aussi-tôt qu’on a transplanté, il faut arroser près du pied. La trop grande quantité d’eau serre la terre, & détruit presque tout le bénéfice du labour. Il vaut mieux répéter plusieurs fois la même opération.

Des soins. Sarcler & arroser à propos, sont les seuls que la carotte exige. On peut la laisser l’hiver suivant en pleine terre, si, selon le climat, on a soin de couvrir le sol avec des feuilles, de la paille, &c. mais éviter de lui occasionner trop d’humidité, qui la feroit périr. Ceux qui sont dans le cas de craindre les rigueurs de l’hiver, feront bien d’enlever les plantes de terre avant les fortes gelées, de les porter sous quelque abri, ou dans l’endroit que les maraîchers nomment jardin d’hiver, qui est une simple chambre au rez-de-chaussée, & où il ne doit point geler. Là, après avoir coupé la fane, on disposera les carottes les unes contre les autres sans les enterrer. C’est alors le cas de séparer les pieds les plus petits & les plus sains pour les replanter après l’hiver à douze pouces de distance les uns des autres dans un terrain bien préparé, pour se procurer une récolte de bonnes graines.

Dans les provinces méridionales, il est inutile d’arracher les plantes avant l’hiver ; de petits soins pendant la courte durée du froid leur suffisent.

Du tems de récolter la semence & de son choix. À la fin d’Avril, en Mai ou en Juin, suivant le climat, du milieu des feuilles s’élève une tige, & cette tige porte des fleurs disposées en ombelle. Aux fleurs succèdent les semences, & ces semences sont ordinairement mûres en Août. Celui qui sera curieux de se procurer d’excellente graine, cueillera seulement celles de l’ombelle principale, qui occupe le sommet de la tige, & abandonnera toutes les autres. Sur cette ombelle principale, il choisira, de préférence, les graines de la circonférence, parce