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en talus, qui éloigne de la tranchée les pluies & les neiges. Le long de la tranchée, du côté du midi, plantez des échalas ou de grandes fourchettes pour soutenir une perche, sur laquelle vous attacherez un nombre suffisant d’échalas pour porter une couverture grossière de paille, ou de fougère, ou de cosses de pois, & des paillassons par-dessus. Cette couverture plus inclinée du côté du nord que du côté du midi, sera appliquée par son extrémité sur les terres qui bordent la tranchée. Du côté du midi, vous ménagerez quelques ouvertures pour introduire l’air & le soleil, quand il est possible, & afin de pouvoir descendre dans la tranchée, & y soigner les cardons. Ces ouvertures se bouchent avec de doubles paillassons pendant les nuits & les tems rudes. On dispose, comme ci-devant, les cardons entre des chevets de paille, suivant la longueur de la tranchée du côté du nord, ou bien comme dans une serre.

Dans les climats où la rigueur du froid est considérable, & les pluies fortes & fréquentes, il est bon de choisir une des méthodes ci-dessus décrites ; dans les pays plus tempérés, ces grandes précautions sont assez inutiles ; l’une des deux méthodes suivantes suffit.

Quatrième méthode. Dès le mois de Novembre, & même plutôt si l’on veut, on peut lier une certaine quantité de pieds de cardons, & tous les huit ou quinze jours, suivant le besoin, en lier de nouveau & les faire blanchir à la manière du céleri, c’est-à-dire relever la terre autour des pieds dont les feuilles sont liées, & ne laisser que les sommités à découvert. La principale attention à avoir, consiste à ne lier les feuilles que par un tems très-sec, & à les butter dans les mêmes circonstances. Cette attention est également indispensable dans la méthode suivante.

Cinquième méthode. Il a été dit que les cardons devoient être plantés au moins à trois pieds de distance les uns des autres. Faites une fosse au pied de la plante, dégarnissez ses racines d’un côté, couchez-la dans la fosse, sans rompre la racine ; recouvrez la terre sur sept à huit pouces de hauteur, & laissez sortir quelques bouts de feuilles, pour l’indiquer. Plus la terre sera humide, plutôt il blanchira & pourrira. Si elle est un peu sèche, & qu’on la préserve des pluies par de la paille longue qui en repousse les eaux, les cardons se conserveront pendant plusieurs mois ; & dans les pays secs, tels que le Comtat, la Basse-Provence, le Bas-Languedoc, on mange quelquefois en Février, & même en Mars, des cardons enterrés à la fin de Novembre. Il ne faut pas conclure de ce que je dis, que chaque pied ait été conservé frais dans sa fosse ; on en trouve plusieurs entiérement pourris : je rapporte cet exemple, pris dans les extrêmes, pour prouver que plus le terrain sera humide, plus le blanchîment du cardon sera prompt, & par conséquent le jardinier doit se régler sur ce principe, afin de prévenir la pourriture. La constitution de la saison influe beaucoup, & le jardinier doit y faire attention.

Certains auteurs ont conseillé d’autres méthodes pour le blanchîment.