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tièdes, & que tous les remèdes adoucissans font dégénérer une tumeur glanduleuse en cancer.

Si l’on tarde à faire l’opération, la tumeur s’ouvre, les bords de la plaie se renversent, se déchirent, les hémorragies suivent, la sanie la plus infecte coule de ces bords déchirés & renversés, la fièvre hectique s’empare du malade, il est accablé par les douleurs les plus atroces, & il expire au milieu des plus affreux tourmens.

Dans cette horrible position, tous les secours humains se taisent, il ne reste qu’à engourdir les douleurs du patient. Pour cet effet, on applique sur la plaie des cataplasmes de carottes râpées, qu’on a besoin de renouveler souvent ; ils absorbent la sanie âcre qui coule de tous les points de la plaie, & on donne de l’opium à grande dose au malade, on l’en nourrit même, si nous osons le dire.

Nous devons prévenir nos lecteurs en finissant cet article, que les vapeurs infectes qui s’élèvent d’un cancer ouvert sont très-pernicieuses pour les personnes qui, par un zèle respectable, s’occupent à soulager ces malheureux en prêtant leurs mains à leur pansement ; la phthisie a souvent été la suite de ce zèle charitable.

Comme de toutes les maladies qui affligent l’humanité, le cancer est, sans contredit, la plus affreuse, par les tourmens inouis dans lesquels ces tristes victimes languissent, nous croyons qu’il seroit de la sagesse du gouvernement de confier à des gens sages & éclairés l’examen des remèdes connus, & des remèdes nouveaux pour combattre ce fléau ; peut-être seroit-on assez heureux pour le détruire, ou du moins pour en arrêter les progrès. Nous partageons ces vœux avec tous les citoyens respectables, & avec tous les amis de l’humanité souffrante. M. B.


CANE. Mesure communément de six pieds & quelques pouces ; elle varie, ainsi que toutes les mesures de France.


Cane d’inde. (Voy. Balisier)


CANNELLE. Seconde écorce d’une espèce de laurier, laurus cinnamomum. On l’expose au grand soleil aussitôt après l’avoir enlevée ; elle se roule & se replie sur elle-même, & forme les bâtons qu’on vend dans les boutiques. La bonne doit être mince, d’un jaune tirant sur le rouge, & d’une odeur agréable ; sa saveur en doit être piquante, mais suave.

La cannelle échauffe beaucoup, réveille puissamment les forces vitales, diminue l’expectoration & le cours des urines, constipe, fortifie l’estomac & les intestins affoiblis par des humeurs séreuses & pituiteuses ; elle est indiquée dans les maladies de foiblesse par sérosités, nuisible dans les maladies, soit convulsives, soit inflammatoires, soit douloureuses. L’eau de cannelle distillée échauffe peu, & réveille à peine les forces vitales ; la plus légère infusion lui est préférable. L’eau spiritueuse de cannelle accroît sur le champ les forces vitales ; l’esprit-de-vin agit pour lors avec plus de force que les parties