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Le cancer est une maladie d’autant plus grave, « que le malade traîne une vie malheureuse dans les plus horribles souffrances, & expire dans les angoisses de la douleur, sans trouver d’autre allégeance à ses maux que l’opium ».

Des ignorans, ou des gens de mauvaise foi, ont voulu plus d’une fois en imposer au peuple, en prétendant avoir trouvé le spécifique de cette maladie cruelle : abusés par les promesses consolantes de ces vils charlatans, les malades ont ajouté à leurs maux, le dégoût des remèdes empoisonnés de ces gens avides, sans éprouver le plus léger adoucissement à leurs souffrances. Ces ignorans prétendent cependant avoir guéri des cancers, & ils citent même les personnes qui, traitées par leurs secrets, confessent avoir été délivrées d’un cancer. Le peuple, qui croit sans réfléchir, vante ces prétendues guérisons de cancer, & le remède devient célèbre.

Le plus léger examen suffit pour détromper ceux qui ont quelques notions dans cette partie : on guérit des engorgemens aux glandes en faisant usage de fondans appropriés. Ces cancers, dont parlent les charlatans, n’étoient que des engorgemens qui auroient pu dégénérer en cancer ; & ils prétendent posséder même exclusivement le secret admirable de combattre ce fléau. Mais l’enthousiasme ne règne qu’une espace de tems limité, & on replonge bientôt dans les ténèbres de l’oubli le remède héroïque & son auteur.

Les gens instruits & raisonnables ne suivent pas cette marche ; ils observent les progrès du mal, les effets des différens remèdes qu’ils emploient, & donnent modestement le résultat de leurs observations. L’illustre M. Stork a trouvé dans la ciguë, prise en poudre ou en extrait, le seul remède qui jusqu’à présent ait obtenu, sinon des succès constans, du moins des adoucissemens.

Il est prouvé que dans le premier degré du cancer, la ciguë prise intérieurement, & mêlée au mercure, qu’on applique aussi à l’extérieur, a quelquefois guéri, & très-souvent soulagé. Nous parlons du cancer occulte & peu douloureux.

Dans les engorgemens des glandes qui peuvent dégénérer, & qui souvent dégénèrent en cancer, l’usage de la ciguë mêlée au mercure, prise intérieurement, & des frictions mercurielles sur la glande, a été suivi de succès, comme nous l’avons observé plus d’une fois ; mais le traitement est long. Il faut donner l’extrait de ciguë par grains les premières fois, & augmenter graduellement les doses.

Si ce remède ne réussit pas, il faut, sans tarder & pour éviter le cancer, extirper la glande par le moyen du fer ; quelquefois le mal renaît de ses cendres, & il faut, pour s’opposer à sa renaissance, ouvrir plusieurs cautères, pour donner issue à la matière, principe de ce mal, & pour la détourner de lieux où elle a déjà porté ses ravages.

Il est d’observation que les bains