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pouilles. Comme la forme des matières calcaires est très-variée, & qu’elles se présentent à l’observateur naturaliste sous des apparences qui pourroient les faire méconnoître ; & qu’enfin, il est très-intéressant à l’agriculteur, qui ne se borne pas au seul labourage de son champ, de pouvoir les reconnoître & les distinguer pour en tirer le parti le plus avantageux, il nous paroît indispensable de lui en détailler les différens genres, en renvoyant seulement au mot Pierre l’histoire de leur origine première.

On divise en cinq classes toutes les carrières calcaires, proprement dites, c’est-à-dire, celles où le principe calcaire l’emporte infiniment dans leur composition sur tous les autres qui s’y rencontrent ; car nous ne connoissons pas de substance absolument pure, absolument homogène.

1o. Dans la première classe, on range toutes les terres & pierres coquillières. Nous avons vu plus haut que les bancs de pierres calcaires contenoient souvent des coquilles, ou autres dépouilles de la mer ; mais quelquefois elles s’y rencontrent en si grande quantité, qu’elles en font la partie principale. Alors elles sont ou en dépôt, mêlées avec de la terre friable, comme dans les falunières de Touraine & du Vexin, (Voyez le mot falun) ne faisant point corps ensemble ; ou réunies par un gluten qui leur donne de la solidité. Les premières sont la terre coquillière ; & les secondes, la pierre coquillière. Les coquilles y conservent leur forme organique ; souvent elles y sont tout entières, avec une partie de leur couleur. Si l’on reconnoît la plupart de ces coquilles, souvent aussi les analogues sont absolument inconnues.

On tire le plus grand parti des terres coquillières dans l’agriculture, en les répandant sur les champs ; elles y produisent un effet analogue à celui de la marne.

2o. La seconde classe est composée des terres & des pierres calcaires, proprement dites. Elles sont formées par les matières du premier genre, usées & déposées par les eaux en forme de bancs & de couches. Il y en a plusieurs sortes : la terre calcaire compacte, qui n’est que la craie ordinaire, & qui varie par la couleur & la finesse du grain ; la terre calcaire en poudre, comme de la farine, ce qui lui a fait donner le nom de farine fossile ; la terre calcaire molle, comme le tuf, qui durcit & blanchit en se séchant ; la pierre calcaire à gros grains, comme celle des environs de Paris, dans laquelle on rencontre beaucoup de coquilles à demi-brisées ; enfin, la pierre calcaire à grain extrêmement fin.

La craie est employée à beaucoup d’usages domestiques ; & la pierre calcaire est destinée à la construction de nos édifices, & à la formation de la chaux.

3o. Les marbres forment la troisième classe ; mais dans la réalité, ils ne diffèrent des pierres calcaires, proprement dites, que par une plus grande dureté, qui les rend susceptibles de prendre un beau poli ; leurs couleurs variées & brillantes, leur grain plus fin & plus serré en fait la beauté, & les consacrent