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tuelle au laboureur, mais encore il dessèche les racines & les empêche de pomper les sucs nécessaires à la nourriture de la plante. Dans les terrains à vignes, il n’est pas aussi incommode ni aussi dangereux ; les racines de la vigne étant plus fortes, elles s’étendent & pénètrent à travers les cailloux avec plus de facilité. M. M.


CAISSE. Machine faite en bois, composée de quatre pieds droits, sur lesquels ou dans lesquels on assujettit par des mortaises, ou par des clous, ou par des équerres en fer, les planches qui doivent former les quatre côtés & le fond ; la partie supérieure reste découverte. La caisse doit être proportionnée au volume de la terre, & à la force de la plante ou de l’arbre qu’elle doit contenir, sans quoi le moindre coup de vent renverseroit le tout.

C’est mal entendre ses intérêts que de lésiner sur leur construction, soit relativement à la nature du bois, soit à la force des ferrures ; on doit rechercher au contraire tout ce qui contribue à sa solidité & à sa durée. Je conviens qu’elle sera plus pesante, plus difficile à manier ; mais comme on les manie deux fois l’année seulement pour les sortir ou pour les renfermer dans l’orangerie, la petite peine de plus qui résulte de leur poids, ne peut être mise en parallèle avec la diminution de sa durée, ou avec les raccommodages perpétuels qu’elle exigera.

On peint communément les caisses à l’extérieur, dans l’intention de garantir les bois de l’impression de l’air & de l’action du soleil. On a eu plus en vue l’agrément du coup d’œil que l’utilité, puisqu’on ne passe aucune couleur dans l’intérieur. Si on veut assurer leur durée, il faut que chaque pièce soit séparément passée à l’huile, même les feuillures & les languettes, avant d’être mises en place ; que l’intérieur & l’extérieur soient également & avec le même nombre de couches, passés à la couleur, & surtout que toutes les jointures le soient exactement. Voici la préparation dont je me suis servi le plus avantageusement.

Sur dix pintes d’huile de noix ou de lin, ou de navette, ou de colsat, ou de caméline, cuite à petit feu pendant deux heures, & dans laquelle on aura suspendu une poupée remplie de litarge, jetez quatre livres de poix-résine que vous ferez fondre à très-petit feu, sans quoi elle se boursouffleroit & courroit le risque de tomber dans le feu. Pour cela, le vaisseau ne doit être plein qu’aux deux tiers au plus. Remuez toujours, jusqu’à ce que la poix-résine soit entièrement fondue. Jetez alors dans ce vaisseau une à deux livres de cendres bien tamisées ; remuez de nouveau, afin que les molécules des cendres soient bien distribuées dans l’huile ; ajoutez ensuite la matière colorante dont vous desirez vous servir. Pour le vert, qui est la couleur la plus employée, prenez du vert-de-gris réduit en pâte la plus fine en la broyant avec la première huile sur le marbre, faites-en un petit monceau. Avec la même huile, broyez le décuple au moins de blanc de céruse, & non pas de la craie qu’on appelle blanc de Troye, blanc d’Es-