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dans le même cas que celles qui ont respiré l’air méphitique des caves, des latrines, des puits, des souterrains, & du charbon allumé.

Charbon allumé. Lorsqu’une personne a respiré les vapeurs du charbon allumé, elle tombe privée de tous ses sens, tant internes qu’externes ; alors il faut promptement la transporter à l’air libre, dans une cour, s’il est possible, lui appuyer la tête contre le mur, & lui jeter au visage de l’eau froide. Il faut continuer cet exercice pendant des heures entières sans interruption : plusieurs personnes doivent être occupées à tenir de l’eau froide toute prête, afin que celles qui la jettent au visage du malade n’en manquent pas : on continue jusqu’à ce que le malade éprouve quelques hoquets ; alors on jette dans un verre d’eau huit à dix gouttes d’alcali volatil, & on tâche de le faire avaler au malade en lui tenant la bouche entr’ouverte par le moyen de petits morceaux de bois qu’on place entre les dents ; on recommence les projections d’eau froide, & on ne les suspend par intervalles, que pour réitérer la boisson d’alcali volatil par gouttes dans l’eau.

Après les hoquets, le malade éprouve des vomissemens & des tremblemens ; alors on le porte dans un lit légérement chaud ; on lui frotte tout le corps avec des linges secs & un peu rudes ; on laisse toujours circuler dans la chambre un courant d’air ; on continue à lui donner de tems en tems quelques gouttes d’alcali volatil dans de l’eau, & on lui fait prendre des lavemens avec le savon & les feuilles de séné.

On ne doit jamais employer la saignée dans cet état ; on tueroit infailliblement le malade ; il existe très-peu de circonstances dans lesquelles elle soit nécessaire : mais quand elle est indiquée, il ne faut jamais l’employer que le malade ne soit revenu à lui : alors s’il est d’un tempérament sanguin, si son pouls est dur & plein, s’il se plaint de maux de tête violens, on lui fait mettre les pieds dans l’eau tiède ; on le saigne du bras ou du pied, si les accidens sont forts, ou de la gorge, s’ils vont toujours en croissant. Comme cet état devient alors apoplectique, nous renvoyons à lApoplexie.

Émanations des substances qui fermentent, des puits, des mines, des souterrains, des latrines, des caves, de la foudre, du froid, des noyés. Lorsque l’on s’expose aux vapeurs contenues dans l’air des puits, des souterrains, des latrines & des caves, on éprouve les mêmes accidens que si on avoit respiré les vapeurs du charbon, & les secours doivent être les mêmes.

Les noyés & les gens frappés par la foudre, meurent de même que les asphyxiés. Dans l’article des Noyés, nous ajouterons quelques additions à ce que nous avons déjà dit sur cet article. Nous croyons très-intéressant de ne point omettre les moyens propres à purifier l’air infecté des puits, souterrains, caves, mines, latrines, &c.

Il est prouvé que l’eau réduite en vapeurs, est le moyen le plus efficace pour purifier l’air corrompu par les émanations dangereuses du charbon allumé. Or, il est d’une nécessité indispensable de verser de