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le pilent à force de bras dans un mortier de bois ; la main d’œuvre est longue & pénible, & le café est sujet à être écrasé ; d’autres se servent de moulins à vent, ou de moulins à eau ; ces derniers sont préférables à cause de la continuité & de l’égalité du mouvement. Lorsque la pulpe est enlevée, on lave les fèves, & on les met sécher au soleil ; on les dépouille de leur enveloppe coriace en les pilant ; enfin, on les vanne.

Après cette opération, il faut encore dessécher le café avant de le mettre dans des sacs ; ici l’étuve est excellente. Si on le dessèche à l’air libre, l’opération est plus longue & plus casuelle. Certains colons ne prennent pas tant de précautions ; alors il contracte une odeur qui diminue sa qualité. Au sortir de l’étuve, il doit être exposé à l’air, & ensuite mis dans des sacs.


CHAPITRE IV.

De ses propriétés.

Les semences sont inodores, d’une saveur légérement amère & âcre ; étant torréfiées, elles acquièrent une odeur empyreumatique légère, une saveur amère & médiocrement âcre. Le café favorise la digestion, échauffe, augmente le cours des urines, éloigne le sommeil, calme l’ivresse par les spiritueux, excite quelquefois le flux menstruel suspendu par l’impression des corps froids, tend à diminuer l’excès de l’embonpoint, est préjudiciable aux tempéramens sanguins, bilieux, aux enfans & aux femmes, lorsqu’elles sont disposées aux maladies convulsives, aux maladies inflammatoires, aux maladies de l’esprit, & aux maladies évacuatoires. Le café convient dans les maladies de foiblesse, aux tempéramens pituitueux, aux personnes sédentaires, phlegmatiques, dont l’estomac conserve les alimens trop long-tems avec sentiment de pesanteur dans la région épigastrique ; il soulage sensiblement dans les migraines, & dans les maux de tête provenans d’une mauvaise digestion. Le café à la crème est sur-tout très-nuisible aux femmes, il occasionne des pertes blanches. On vante beaucoup les lavemens de café contre l’apoplexie.

Différens auteurs se sont vivement déclarés contre l’usage du café ; d’autres en ont pris aussi vivement la défense. Il est résulté, de toutes ces grandes discussions, que chacun avoit raison ; & on auroit pu les éviter, si on étoit convenu auparavant de la manière de le faire, de la quantité de café nuisible ou utile ; enfin, de la nature des tempéramens auxquels il convenoit. Le goût général est actuellement décidé pour cette boisson ; il est à craindre qu’il se fixe également sur celle du thé, bien plus dangereuse par ses suites.

Le café trop brûlé échauffe beaucoup, & devient alcalin ; la liqueur est âcre, & n’a plus de parfum ; lorsqu’il est au point convenable, son huile essentielle est conservée, & sa décoction est parfumée & moins échauffante.

Les gourmets de café ont à leur tour élevé la question, savoir si on doit le brûler dans un moulin ou dans une poële de terre vernis-