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jets ; & comme ils seront remplacés par d’autres, on coupera annuellement les jets perpendiculaires qui partiront du tronc ; par ce moyen, on viendra à bout de tenir l’arbre à la même hauteur, ainsi qu’on le pratique pour les haies qu’on est obligé de tailler sans cesse, quand on veut les tenir au même niveau. La meilleure saison de pratiquer la taille, est celle des mois de Mai & de Juin ; c’est alors que les cafés, en général, ont moins de séve.

Il est hors de doute que l’arbre auquel on laisseroit prendre son accroissement, donneroit des fruits de meilleure qualité que l’arbre étêté ; mais les derniers sont moins exposés aux ouragans, & leur récolte plus facile. Les arbres livrés à eux-mêmes sont plus précoces.

Lorsque les cafés sont sur le retour, qu’ils portent du bois mort & donnent peu de fruits, il faut alors les receper tous, le plus près de terre que l’on pourra, dans les mois de Juin, de Juillet & d’Août, en même tems labourer les pieds, & y mettre de l’engrais. Ces arbres sont en bon rapport environ pendant quarante ans.

La récolte dédommage le cultivateur de ses peines ; & les soins qu’elle exige se réduisent à cueillir le grain dans sa parfaite maturité ; elle se connoît à la couleur de la cerise. Quand elle est d’un rouge bien foncé, & qu’elle commence à brunir, il est alors tems de la cueillir. Cependant ce n’est pas la marche que l’on suit ; on cueille mal à propos le grain mûr, & celui qui ne l’est pas.

La manière de dessécher les cerises n’est point indifférente. On se contente, dans nos colonies, de les dessécher à l’air & au soleil ; dans quelques-unes on bat la terre avec des demoiselles, & l’on étend toutes les cerises du café sur cette aire ; d’autres y répandent un peu de cendre, ou bien les jettent sur le gazon. La terre communique assez souvent au grain une odeur désagréable. Les colons aisés font paver leur aire, en lui donnant un peu de pente pour l’écoulement des eaux ; cette méthode est préférable aux autres.

On étend le café sur l’aire tous les matins, & le soir il est mis en tas, recouvert avec des nattes faites de feuilles de voakas, afin de le garantir pendant la nuit de la pluie, qui retarde la dessiccation. Cet usage a un grand inconvénient ; le café en tas fermente, sa dessiccation est plus lente, & nuit à la qualité de la féve ; il vaudroit mieux, sur-tout dans les quartiers secs, laisser les grains épars sur l’aire, les couvrir de nattes pendant la nuit, & dans le jour s’il survient de la pluie. On a l’attention de passer souvent le râteau sur les tas de café, afin que tour à tour les grains soient exposés au soleil. De toutes les méthodes, celle qui paroît mériter la préférence, est de sécher la cerise dans une étuve. Le desséchement est plus sûr, plus prompt & plus complet. L’étuve ne doit point être aussi vaste qu’on pourroit le penser, parce que le café d’une plantation ne se récolte pas tout à la fois.

Lorsque le grain est desséché, il faut l’émonder. On a plusieurs moyens pour y parvenir. Les uns