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Dès qu’un arbre de café jaunit par les feuilles, c’est une preuve qu’il est malade. Il faut, dans ce cas, fouiller la terre au pied de l’arbre, & chercher si les racines, & sur-tout si la partie pivotante, qu’on lui a laissée, ne sont pas attaquées par quelque ver. Quelquefois les racines sont dévorées par les poux blancs ; la terre réduite en boue, les tue, en frottant la partie affectée. Dans ce cas, comme dans le premier, il convient de changer la plus grande partie de la terre qui entoure l’arbre, & de lui en substituer de nouvelle, mêlée de cendre & de terreau ; enfin, arroser aussi-tôt après, si le terrain est sec.

Si ce moyen ne ranime pas l’arbre languissant, il convient de le receper. Il poussera plusieurs rejetons ; & quand ils seront bien assurés, on les coupera tous, en ne conservant que le plus fort ; cependant il ne faut pas tous les abattre le même jour, mais successivement & à plusieurs jours de distance. Si le recepage ne réussit pas, c’est le cas d’arracher l’arbre, de faire un nouveau trou plus grand & plus profond que le premier, d’en changer la terre ; enfin, de laisser ce trou exposé au soleil & aux pluies pendant plusieurs mois.

Lorsqu’on voit des poux sur les branches, sur les feuilles & sur les fruits du café, on doit présumer que les feuilles en sont également attaquées ; on piochera aux pieds, on y jettera beaucoup de cendre & de terreau, & on frottera les racines & les branches avec de la boue, ainsi qu’il a été dit plus haut.

Les cafés sont quelquefois affectés d’une maladie singulière. Les feuilles, les branches, & souvent même les fruits, sont en grande partie couverts d’une matière noire qui s’y fige & se dessèche. L’évaporation de la sève en est interceptée. Les arbres âgés sont plus sujets que les jeunes à cette maladie, qui n’est pas fort nuisible.

On est dans l’usage à Bourbon & même à l’île de France, de ne pas relever les arbres renversés par les ouragans. On se contente de chausser à la hâte les racines découvertes. Ces arbres poussent des branches gourmandes qui s’élèvent perpendiculairement. On laisse prospérer une ou deux de ces branches, & on coupe le reste. La plupart de ces arbres périssent, quoiqu’on ait beau chausser leurs racines. S’il survient un second ouragan, la caféterie est perdue. La meilleure méthode est de se hâter de relever les arbres renversés, & de chausser avec soin ceux qui sont sur pied aussitôt après l’ouragan.

L’usage a prévalu d’étêter les arbres après trois ans de transplantation, afin que leurs branches s’étendent davantage, & que la récolte soit plus facile ; mais il ne suffit pas d’étêter l’arbre une seule fois. Quand on a coupé le sommet de la tige qui s’élève perpendiculairement, il sort deux jets droits immédiatement au-dessus des deux dernières branches latérales qu’on a conservées : ces deux jets forment deux nouvelles tiges ; & celles-ci, à la longue, s’élèvent très-haut, au point qu’on ne peut atteindre avec la main le fruit qui croît sur les branches du sommet. Il faudra encore recouper ces deux