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empêche que les graines ne se collent les unes contre les autres, ce qui facilite les semailles.

Quelques cultivateurs ont pensé qu’il étoit plus à propos de planter les graines entières ; c’est-à-dire, avec leur pulpe. Lorsque la pulpe se dessèche en terre, elle met un obstacle à la sortie du germe. Il arrive ordinairement que l’une des deux fèves, renfermées dans l’enveloppe commune, germe avant l’autre. Les deux feuilles séminales sont renfermées dans l’enveloppe coriace, qui est particulière à chaque fève ; la tige qui vient de naître porte cette enveloppe avec les feuilles, & pousse le grain lui-même hors de terre. Mais comme l’enveloppe commune, particulière à chaque féve, est contenue dans l’enveloppe commune aux deux fèves, il résulte nécessairement de trois choses l’une ; ou que la tige tendre du plant n’a pas assez de force pour soulever le poids de la seconde féve & de la pulpe, indépendamment de la terre qui les recouvre, alors le plant périt ; ou bien si un vent trop fort agite cette masse sans défense, il casse la tige encore tendre ; enfin, si la seconde graine, dont la germination a été tardive, est poussée sur terre, elle s’y dessèche & périt par l’action du vent & du soleil.

La saison la plus avantageuse pour faire les semis, est celle des mois de Mars, Avril, Mai & Juin, parce que les plants qui en proviennent n’ont à supporter que la chaleur du soleil d’hiver de ces cantons ; & sont par conséquent déjà assez forts, lorsque les ardeurs de l’été se font sentir ; tandis que les plants qui naissent en Décembre & en Janvier sont exposés aux chaleurs les plus fortes dès le moment de leur naissance, ce qui en fait périr beaucoup.

Il est très-essentiel de ne laisser aucune mauvaise herbe ; leur arrachis se fait au pic, & non à la pioche, parce que le peu de distance entre les rayons ne permet pas ce genre de travail.

Les semis de café doivent être arrosés, non-seulement pour les garantir des sécheresses, mais pour accélérer leur végétation. Les arrosemens du soir sont préférables à ceux du matin & de la journée. Si on est près d’une rivière, on peut faire courir l’eau près des plates-bandes, qui doivent être dans ce cas très-étroites, pour qu’elles puissent être humectées entièrement par l’eau courante. Pour arroser par irrigation, on dispose les sentiers de manière qu’ils soient plus élevés qu’elles, & on fait couler l’eau dans celles-ci ; ou bien on se contente d’élever seulement les bords d’un carré, & on l’inonde tout à la fois, ayant attention, dans l’un & l’autre cas, que les plants ne soient point submergés. La troisième manière d’arroser consiste à disposer les plates-bandes de façon qu’elles soient un peu plus élevées que les sentiers qui les séparent. On conduit le filet d’eau dans le premier sentier, à l’extrémité duquel on met un peu de terre pour arrêter l’eau ; des enfans entrent dans ce sentier, & avec de calebasses ils la répandent sur les plates-bandes, à droite & à gauche, jusqu’à ce qu’elles soient bien humectées. Les deux premiers