& tiennent toujours la terre fraîche & humide ; ce qui convient très-fort au cacaoyer. Il est vrai que ces arbres ne rapportent qu’une seule fois, & qu’ils périssent dès que le fruit est coupé ; mais on peut dire qu’ils ne meurent point, les rejets les remplaçant toujours avec avantage & donnant du fruit au bout de huit mois. Tout cela dédommage amplement des frais de la cacaoyère.
On peut donc environner les quarrés par une ou deux rangées de ces arbres plantés à cinq ou six pieds l’un de l’autre, & en former d’autres rangées dans la pièce.
Il y a des endroits où l’on met du maïs, du manioque, & des cotoniers parmi les cacaoyers pour les abriter du vent ; mais ces plantes sont assez long-tems à acquérir une certaine hauteur qui n’est jamais fort considérable. Le maïs & le manioque, qu’il faut cueillir au bout de quelques mois, laissent alors les cacaoyers sans abri. Le manioque sert à prévenir le mal que les cacaoyers reçoivent des fourmis ; elles préfèrent cette plante.
La graine de cacao est ordinairement de sept à douze jours en terre avant de lever ; ses progrès varient beaucoup selon les terrains. À mesure que le jeune arbre grandit, le bouton qui avoit constamment terminé la tige, se partage en plusieurs branches, dont le nombre est communément de cinq, & c’est ce qu’on appelle la couronne de l’arbre. S’il y a moins de branches, on croit devoir l’étêter pour donner lieu à la formation d’une nouvelle couronne meilleure que la première. On coupe les branches qui excédent ce nombre, comme pouvant faire prendre à l’arbre une forme défectueuse. Ces branches produisent une multitude de rameaux & s’étendent horizontalement. Le tronc continue de croître & de grossir, & les feuilles ne viennent plus que sur les branches.
Les cacaoyers ne sont pas plutôt couronnés, que de tems en tems ils poussent un peu au-dessous de leur couronne de nouveaux jets appelés rejetons. Si on abandonne ces arbres sans les gêner dans leurs productions, ces rejetons forment bientôt une seconde couronne, sur laquelle naît ensuite un nouveau rejeton, d’où il en sort une troisième ; &c. au moyen de quoi la première couronne est presqu’anéantie. L’arbre s’effile en s’élevant considérablement, & toutes ses branches s’étendent à droite ou à gauche ; en sorte que l’arbre paroît comme un gros buisson sans tronc. Ceux qui cultivent le cacao préviennent ces productions nuisibles aux récoltes du fruit, en rejetonnant, c’est-à-dire, châtrant tous les rejetons, lorsqu’ils sarclent, ou dans le tems de la récolte.
On arrête le cacaoyer à une hauteur médiocre, non-seulement pour avoir plus de facilité à recueillir, mais encore pour qu’il soit moins tourmenté des vents ; cette hauteur varie selon les endroits.
L’âge auquel il commence à fleurir & à donner du fruit, n’est pas fixe ; c’est ordinairement après dix-huit mois, ou deux ans. Ceux qui sont plantés en donnent cinq ou six mois plutôt. Ils sont couverts de fleurs & de fruits pendant toute l’année. On en fait cependant deux récoltes principales, une en Dé-