Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/540

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quets, &c. Ils sont du moins plus rares dans la première année. Pour planter la graine, on choisit un tems de pluie ou actuelle ou prochaine : on cueille des cosses mûres, & on en tire la graine pour la mettre aussitôt en terre. Cette opération se fait ou à la fin de Juin ou à la fin de Décembre : on met deux ou trois amandes à quelques pouces les unes des autres, autour de chaque piquet, à deux ou quatre pouces de profondeur, ce qui se fait aisément avec le piquet même quand la terre est nouvellement labourée, sinon l’on remue légérement la terre avec une espèce de houlette ; on coule chaque amande dans son trou, le gros bout en bas, & on la couvre d’un peu de terre. Comme il en manque toujours plus ou moins, les surnuméraires de celles qui ont bien levé ensemble dans un même bouquet, peuvent servir à regarnir les places vides, ou être plantées ailleurs.

On ne fait guère le choix des brins qui doivent rester en place, que lorsqu’ils ont quinze à vingt-quatre pouces de haut ; ceux que l’on retranche doivent être levés avec dextérité pour n’offenser ni leurs racines, ni celles des arbres dont on les sépare, & même ne déranger aucune de celles-ci, parce que le cacaoyer est extrêmement délicat. On les replante aussitôt, avec la précaution de ne laisser aucunes racines dans une position qui les oblige à se courber. Il est plus avantageux de mettre dans les quinze jours de nouvelles graines à la place de celles qui ont péri, ou pour suppléer aux pieds languissans.

La distance qu’il convient de laisser entre chaque arbre, n’est point encore déterminée. On plante de cinq à douze ou à quinze pieds, sur-tout lorsque l’on plante dans des endroits montueux. Ceux qui les mettent près les uns des autres, observent que les cacaoyers ainsi que les caféyers tenus de cette manière dans nos îles, donnent beaucoup plus de fruits que l’on n’en recueille dans la terre ferme, où ces arbres plus éloignés emploient une plus grande partie de leur séve à se fortifier eux-mêmes, en sorte qu’ils n’ont sur ceux des îles que l’avantage de la hauteur & de la grosseur.

Il est constant que ces arbres plantés près à près, couvrent plutôt le terrain ; &, qu’espacés à huit pieds, chacun d’eux peut faire une ombre de plus de trente pieds de circonférence en trois ou quatre ans. Les herbes cessant d’y croître, le travail se réduit à ôter les guys & détruire les insectes ; au moyen de quoi, sans multiplier les bras, on peut replanter ailleurs une assez grande quantité d’arbres, & augmenter par progression dans peu d’années le nombre de ses cacaoyères. Plus les arbres sont éloignés les uns des autres, plus, on est long-tems assujetti à sarcler & à nettoyer le terrain. Ainsi, en plantant près à près, on peut avoir vingt-quatre mille pieds d’arbres rapportans ; au lieu que d’autres, avec les mêmes forces & dans un terrain également bon, n’en auront que huit mille.

Les arbres qui ne tardent pas à se toucher & entrelacer leurs branches, semblent être plus en état de