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encore l’humidité si on le tient dans un lieu frais, & il est sujet à se déjeter.

Lorsque l’on veut faire de belles pièces, on fait tremper le buis pendant vingt-quatre heures dans de l’eau très-fraîche & très-pure, & en sortant de cette eau fraîche, on le fait bouillir pendant quelque tems. Lorsqu’on le sort de ce bouillon, on le met aussi-tôt dans du sable, ou de la cendre, ou du son, enfin dans un milieu quelconque où l’air ne pénètre pas. Cette pièce y reste pendant plusieurs semaines dans un endroit sec & à l’ombre.

Quand le buis est déjeté, on le porte sur une table bien unie, & il reste exposé à la pluie ; après cela on le retire & on le charge de quelque poids.

Il est singulier que la manufacture des boutons, des chapelets, des peignes de buis, &c. soit circonscrite dans les environs de Saint-Claude, & que dans les montagnes du reste du royaume, chargées de buis, les paysans ne cherchent pas à imiter l’exemple de ceux de S. Claude ; ce travail seroit une ressource pour eux pendant l’hiver, saison qu’ils passent presque tous dans la plus grande oisiveté ; ils y feroient des ouvrages de tour comme les paysans des montagnes de Neuchâtel y font des horloges ; comme dans la montagne de Gênes, on y fabrique des velours ; dans celles de Saint-Chaumont en Lyonois, des rubans ; dans celles de Saint-Étienne en Forez, des bois de fusil, & les différentes pièces des platines, &c. &c. &c On ne sauroit trop multiplier ces petites manufactures locales. C’est aux seigneurs, aux curés à en être les promoteurs & les protecteurs.

IV. Du buis considéré économiquement. Le bois de buis est excellent pour le chauffage, & ses cendres admirables pour les lessives. Pour le service des fours à chaux & des autres manufactures où l’on consomme beaucoup de bois, il faut près de la moitié moins de fagots de celui-ci, que de tout autre bois.

Les feuilles & les autres jeunes pousses des buis servent à la litière des troupeaux & du bétail, & elles deviennent un très-bon engrais. On les fait encore pourrir dans les fossés, le long des chemins & des champs. Cet engrais est moins bon que celui du buis qui a servi de litière ; malgré cela on doit le multiplier autant qu’il est possible.


BUISSON. En terme de forestier, c’est une touffe d’arbrisseaux sauvages & épineux ; ou bien c’est un arbre qui, à force d’avoir été brouté par le bétail, est resté rabougri, & a poussé sans ordre de petites branches chiffonnes.


Buisson. (Planche 19) En terme de jardinier, c’est un arbre fruitier qu’on coupe environ à un pied au-dessus de la greffe, & auquel on laisse dans la taille pousser plusieurs branches tout au tour, & qu’on évide dans le milieu, de manière qu’il présente à l’œil la forme d’un cône, dont la pointe part de l’arbre. Ce cône est plus ou moins évasé suivant l’idée du jardinier. On a déjà dit plusieurs fois, & sur-tout au mot branche, (voyez