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les nuits & le mauvais tems, à proportion de la rigueur de la saison. »

» Si on a commodément de grands fumiers chauds sortant de l’écurie, en place de litière, les plantes s’en trouveront encore mieux ; mais les paillassons en souffrent, car la vapeur chaude de ce fumier qui est dessous, brûle les ficelles. »

» C’est, pour l’ordinaire, au commencement de Novembre qu’on fait les premières couches destinées à cet usage, & on continue d’en faire tous les mois lorsqu’on veut en avoir une succession non interrompue, parce que chaque couche ne produit que pendant un mois au plus : ce mois passé, il faut la retourner, détruire le plant qui n’est plus propre à rien ; il est brûlé. »

» Dix ou douze jours après que les pattes ont été plantées, elles commencent à pousser leurs tiges. Dès qu’elles paroissent, il faut donner un peu d’air aux cloches ou aux châssis ; & si le tems le permet, les laisser nues au soleil, dont l’action donne au fruit le goût & la verdeur. Quel goût & quelle verdeur ! Cependant, comme le soleil ne paroît pas souvent dans cette saison, voici la manière d’y suppléer en partie. »

» Lorsqu’on a fait une cueillette d’asperges, on les lie en bottes, on les enterre à moitié dans les réchauts, & on couvre d’une cloche chaque botte ; s’il fait un peu de soleil, de blanches ou rougeâtres qu’elles sont, elles deviennent vertes au bout de deux ou trois jours. »

» On doit les réchauffer (voyez les mots Couche, Réchaut) dix ou douze jours après qu’elles ont été plantées, & renouveler le réchaut une seconde fois, douze ou quinze jours après, dès qu’on s’apperçoit que la chaleur de la couche s’éteint. »

» À l’égard de celles qu’on veut réchauffer en pleine terre, on doit, comme pour les autres, y avoir pourvu à l’avance ; c’est-à-dire qu’en les plantant, on doit les avoir disposées dans cette vue, & n’avoir donné que trois pieds ou trois pieds & demi aux planches, pour être plus faciles à réchauffer, & deux pieds aux sentiers. »

» Ces planches ainsi disposées, sont bonnes à réchauffer dès que le plant a quatre ans ; il est encore meilleur à cinq & à six. »

» Pour les réchauffer, on ôte toute la terre des sentiers, à deux pieds de profondeur. On la jette sur des planches, en battant les bords, & on remplit le vide avec des fumiers chauds, bien trépignés. On laboure ensuite la planche pour dresser les terres, & on met tout de suite quatre à cinq pouces de fumier par-dessus. On les laisse dans cet état jusqu’à ce que la terre se soit échauffée & que les tiges commencent à paroître. »

» C’est ordinairement quinze jours ou trois semaines après, & aussitôt il faut manier les réchauts & les mêler avec plus ou moins de fumier neuf, suivant le besoin. Si le froid est considérable, il faut augmenter la charge de fumier sec par-dessus les planches. La tige, pressée par la chaleur du fond, pousse toujours au travers, & on a soin de lever le fumier tous les jours, autant que le tems le permet, pour donner de