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utiles. Comme leur corps est très-massif, ils sont propres aux labours, & on les laisse paître dans les bois. Lorsque le laboureur vient à la charrue, il fait signe à un de ses chiens de forte race, d’aller dans les bois ; le chien court, saisit avec la plus grande adresse un buffle par l’oreille, & sans quitter prise il l’amène à son maître qui l’attache sous le joug, pendant qu’il retourne dans le bois pour lui en chercher un autre, qu’il met à côté du premier.

Le laboureur leur fait tracer ses sillons, & les conduit facilement à l’aide d’une espèce de croissant de fer, dont les deux pinces entrent dans les naseaux de l’animal. Ce croissant étant suspendu sous le naseau, il fait tourner à volonté le buffle d’un côté ou d’un autre, en tirant une ficelle qui est attachée au morceau de fer, dont la pointe picotte le nez de l’animal. C’est ainsi que les hommes, pour dompter les animaux, les saisissent par leurs parties les plus sensibles. Lorsque les buffles ont fourni leur travail, on les ôte de la charrue, & ils retournent dans les bois se reposer & se nourrir jusqu’au lendemain, où les chiens viennent les y chercher de nouveau. Comme ces animaux portent naturellement leur cou bas, ils emploient en tirant tout le poids de leur corps ; aussi un attelage de deux buffles tire-t-il autant que quatre forts chevaux.

Les corses agissent à peu près comme les italiens pour avoir leurs bœufs qui errent dans les forêts. Ils les courent montés sur de petits chevaux, & leur jettent adroitement une corde qui les saisit par les cornes. Lorsque le labourage est fini, l’animal reprend sa liberté & retourne dans les bois.

Si au lieu de laisser errer le buffle dans les bois, on essayoit de l’élever comme le bœuf, il perdroit sûrement un peu de son caractère sauvage & brusque. Sa brusquerie n’est-elle pas une suite du tiraillement journalier par les chiens. C’est par la douceur qu’on subjugue les animaux ; les mauvais traitemens aigrissent le caractère, rendent l’animal revêche & impatient au joug. Cet exemple est frappant dans les chevaux.

La peau du buffle préparée & passé à l’huile, forme une branche de commerce assez considérable.

Le lait de la femelle du buffle sert, en Italie, à faire de très-bons fromages ; la chair n’est point agréable au goût.


BUGLE, ou Petite consoude. (Planche 15, pag. 423.) M. Tournefort la classe dans la quatrième section de la quatrième classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce, en gueule & à une seule lèvre ; & il l’appelle bugula. M. von Linné la nomme ajuga reptans, & la classe dans la didynamie gymnospermie.

Fleur ; le tube A compose la fleur en forme de lèvre ; la lèvre est partagée en trois déchirures, & celle du milieu presqu’en deux ; les étamines au nombre de quatre, deux plus longues & deux plus courtes ; on les distingue dans la corolle ouverte B, attachées aux parois du tube. Le pistil C occupe le centre, & repose au fond du calice. Le calice D est un tube d’une