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années, enfin jusqu’à ce que le principe salin se soit combiné avec des substances animales, graisseuses, huileuses, &c. d’une manière assez intime pour les réduire en savon, & par conséquent les rendre solubles dans l’eau.


BRYONE, ou Coleuvrée, ou Vigne blanche. (Voyez Planche 15, pag. 423). M. Tournefort la place dans la sixième section de la première classe, qui comprend les herbes à fleur d’une seule pièce en forme de cloche, dont le pistil s’élève entre les filets des étamines réunies par le bas, & se change en un fruit à plusieurs loges, & il l’appelle bryonia aspera, sive alba, baccis rubris. M. von Linné la nomme bryonia alba, & la classe dans la monœcie syngénésie.

Fleur. Les fleurs mâles sont séparées des fleurs femelles sur le même pied. La tige A est représentée chargée de fleurs mâles, & la tige B de fleurs femelles. La fleur mâle C est plus grande que la femelle : on y voit les étamines attachées à la corolle ; & en D, la fleur est représentée par derrière, pour montrer la différence des calices ; celui de la fleur femelle E est posé sur l’ovaire. Dans ces deux fleurs la corolle est attachée & fait corps avec les parois du tube du calice. M. Miller dit que les jeunes bryones ne donnent que des fleurs mâles dans les premières années.

Fruit. Le pistil se change en un fruit F sphérique, ou baie à quatre loges G molles, pleines de suc, renfermant des semences H couvertes de mucilage.

Feuilles, alternativement placées sur les tiges, soutenues par de longs pétioles, palmées, en forme de cœur, calleuses, rudes au toucher.

Racine ; en forme de fuseau, & d’une grosseur étonnante, proportion gardée à celle de la tige. J’en ai vu une plus grosse que la cuisse, & de plus de quinze pouces de longueur.

Port. Tiges longues, grêles, grimpantes, cannelées, légérement velues, armées de vrilles comme la vigne ; les fleurs naissent plusieurs ensemble des aisselles des feuilles.

Lieu. Les haies, les buissons. Elle est vivace, & fleurit pendant tout l’été.

Propriétés. Le suc de la racine est âcre, désagréable, un peu amer, d’une odeur fétide ; le suc de la racine est nauséeux. Cette plante est purgative, hydragogue, vermifuge, emménagogue, incisive, diurétique.

La racine récente purge avec violence, & donne lieu à une évacuation abondante de sérosités. Il est peu prudent de se servir d’un tel purgatif ; il cause des coliques, le ténesme, & souvent l’inflammation des intestins ; desséchée, elle est moins active, parce qu’elle a perdu son eau de végétation dans laquelle réside son énergie. Elle est quelquefois indiquée dans l’hydropisie de poitrine & de matrice. Elle accroît les symptômes de la goutte, de l’épilepsie, des maladies du foie, de la rate, &c. Elle est essentiellement préjudiciable aux enfans, aux femmes enceintes, aux tem-