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modération, dans la crainte d’augmenter la fièvre, & d’arrêter la suppuration.

On a conseillé l’usage de l’alcali volatil dans les brûlures légères : plusieurs raisons nous déterminent à défendre l’emploi de ce remède.

1o. Parce que les brûlures légères n’exigent aucuns remèdes, excepté ceux que nous avons conseillés.

2o. Parce qu’un remède de cette activité ne doit jamais être placé entre les mains de tout le monde, crainte d’accidens, comme nous en avons vu arriver plus d’une fois dans son usage. Un zèle indiscret & peu éclairé, rend des plus sérieuses une brûlure très-légère. M. B.


Brûlure, médecine vétérinaire. La force du feu dans une partie du corps de l’animal, occasionne la brûlure. La chaleur, la douleur, accompagnent les brûlures légères & récentes ; la chaleur, la douleur & la noirceur, les brûlures profondes & vives. Lorsqu’un fer rouge ou un charbon ardent touche une portion des tégumens du bœuf ou du cheval, la partie affectée change de couleur, elle devient noire & forme une croûte dure, insensible, que la suppuration fait tomber avec plus ou moins de promptitude, selon la grandeur de l’escarre & la structure des parties qui touchent l’escarre.

Le danger de la brûlure est proportionné à l’âge du sujet, à la partie affectée, au degré de chaleur du corps brûlant, au tems que l’animal a resté exposé à l’action du feu, & à celui qui s’est passé depuis l’action du corps brûlant, jusqu’au moment où le maréchal est appelé.

Aussi-tôt que le bœuf ou le cheval est brûlé, si la brûlure a de l’étendue, & attaque le tissu cellulaire, si les parties brûlées sont menacées d’une inflammation violente, il faut saigner l’animal à la veine jugulaire, réitérer même la saignée, fomenter sans cesse avec une décoction émolliente la partie qui est attaquée, & d’y étendre par dessus un onguent composé de miel, d’huile, & mieux encore, du miel rosat. Ce remède fait tomber l’escarre assez promptement, la suppuration s’établit ; l’escarre étant tombée, on desséche la plaie, en appliquant un dessiccatif fait avec le miel & la céruse.

Brûlure de la sole. De toutes les parties du corps du cheval, la plus exposée à éprouver l’action du feu, est la sole. Elle peut avoir été brûlée par l’application d’un fer brûlant ou d’un tisonnier rouge, dont se sert le maréchal pour attendrir la sole, & pour avoir plus d’aisance à la parer. On reconnoît qu’elle a été brûlée, par la difficulté de marcher, par la douleur que l’animal ressent lorsqu’on touche la partie brûlée de la sole de corne, avec le brochoir ou les tricoises, & sur-tout par l’espèce d’eau rousse qui sort par les pores de la corne. Il arrive quelquefois une séparation totale de la sole de corne, d’avec la sole charnue, dans l’endroit où elle a été brûlée. Cet accident est plus fréquent aux pieds plats & aux pieds combles, qu’aux