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que deux pouces. On recouvre ensuite ces chicots à fleur de terre, avec du fumier à demi-pourri. On le répète : la méthode de M. Mallet est bonne dans les pays où les fumiers sont abondans, & dans le climat de Paris. Elle n’est point admissible dans les provinces méridionales ; la chaleur dévorante pénétreroit jusqu’aux racines à travers cet amas de terreau & de fumier, successivement convertis en terreau ; il faut une terre plus forte. La terre des ados préparée ainsi que je l’ai dit, est préférable.

On conduit l’aspergerie de la même manière dans l’année suivante, excepté qu’on coupe, à la fin de Mai, les trois ou quatre plus fortes tiges, afin d’occasionner un nouveau reflux aux racines.

M. Mallet conseille à ceux qui peuvent facilement se procurer des engrais, d’employer ceux des voieries. C’est, suivant lui, le meilleur engrais & le plus convenable aux asperges. Il faut faire des couches de voieries, d’un pied de hauteur, recouvertes d’un pouce de chaux vive, & inonder le tout ensuite, afin d’empêcher que l’action trop vive de la chaux ne brûle l’engrais, & ne détruise les portions mucilagineuses, huileuses & salines dont est doué cet excellent fumier. La chaux ne les détruira point ; mais sans humidité un peu abondante, il n’y aura presqu’aucune combinaison, aucun mélange des différens principes, & leur conversion en substance savonneuse, ne sauroit s’exécuter. (Voyez le mot Engrais)

Ces tas de voieries, après avoir été exposés pendant un an à toutes les influences de l’air, de la lumière, de l’hiver, &c. passés ensuite à la claie, sont, de tous les amendemens, les meilleurs, sur-tout pour les asperges ; il suffit d’en mettre chaque année, à la fin de l’automne, l’épaisseur de trois pouces sur le plant d’asperge.

Une infinité de personnes s’imaginent que les voieries communiquent un mauvais goût aux légumes. Cela est vrai, si on les emploie trop récentes. Celles qui ont fermenté pendant un an, & sur-tout pendant deux, sont exemptes de ce reproche.

Des soins de la troisième année. À cette époque on peut commencer à jouir, mais très-sobrement, autrement on épuiseroit la plante. À la fin de Février, ou dans les premiers jours de Mai, on donne un petit labour à l’aspergère, & on jette sur cette labourée, de trois à quatre pouces de la terre des ados. Sarcler & biner tous les mois, sont des soins à ne pas négliger. Il faut prendre garde de ne jamais marcher sur la planche, & de ne point endommager la plante en travaillant la terre. Au commencement de Novembre on coupe les tiges, on bine, & on ajoute de nouvelle terre. M. Fillassier conseille la litière courte & les feuilles d’arbre ; M. Mallet veut qu’on ajoute six pouces de terreau composé d’une moitié de terre potagère, & d’une autre de fumier exactement pourri ; & encore mieux, dit-il, du mélange de chaux vive, & des voieries dont il a parlé.

Pour les années suivantes, sa culture consiste à tenir l’aspergerie bien sarclée & bien labourée. Il ne