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toujours un peu au-delà de l’essieu entre le point d’appui & la puissance.

Il reste encore à parler du prix des nouvelles brouettes. Les brouettes ordinaires, dont les pieds & la roue sont en bois d’ormeau, & le corps en planches de peuplier, d’un pouce d’epaisseur, coûtent en Angoumois cinq livres pièce, prêtes à rouler ; & les nouvelles brouettes y ont coûté, en se servant du même bois, celles à une roue, six livres, & celles à deux roues, sept livres ; ce qui suffit pour en établir le prix par-tout.


BROUILLARD. C’est un amas de vapeurs & d’exhalaisons, plus ou moins épaisses, qui s’élèvent dans l’air, & tantôt se dissipent dans les hautes régions de l’atmosphère, & tantôt retombent sur la terre en forme de bruine ou de pluie fine. Deux causes principales concourent immédiatement à la formation des brouillards, la chaleur naturelle de la terre, & le froid des couches inférieures de l’atmosphère. Le soleil d’une journée entière, & la masse de chaleur qu’il a produit dans l’atmosphère, celle qu’il a imprimée à la surface de la terre, occasionnent une évaporation considérable ; les molécules aqueuses, raréfiées & chassées par la chaleur qui s’échappe du globe, s’élèvent & se dispersent dans l’air jusqu’à ce que rencontrant une zone froide, elles se condensent & deviennent visibles en se rapprochant & s’épaississant. Leur réunion forme un corps fluide, pénétrable & continu, & susceptible de tous les mouvemens que les vents peuvent lui imprimer. Les vents eux-mêmes contribuent beaucoup à la réunion des vapeurs & à la formation des brouillards. L’air est toujours rempli d’une certaine quantité de vapeurs. (Voyez Air) Si elles sont invisibles, c’est que trop raréfiées, leurs molécules sont éloignées les unes des autres. Mais si les vents viennent à souffler du haut en bas, alors ils abaissent ces vapeurs les plus élevées sur les plus basses, & les condensent. Leur condensation sera encore plus prompte, si les vents soufflent de divers points opposés : ils compriment alors de toutes parts les vapeurs qu’ils trouvent dans l’air. La même chose a lieu, si elles sont poussées par les vents horizontalement contre une montagne : ne pouvant aller plus loin, les dernières se joignent aux premières, & à celles qui sont adossées contre la montagne ; elles s’accumulent les unes contre les autres, elles s’épaississent enfin, & y acquièrent un tel degré de densité, qu’elles deviennent visibles & retombent sous la forme de brouillards.

Il n’est point de saison ni de climat où l’on ne voie des brouillards ; l’hiver & les pays humides paroissent cependant favoriser le plus la formation de ces météores. Dans l’hiver, le soleil agissant avec moins d’activité, & le ciel étant presque toujours couvert de nuages, l’air froid occasionne nécessairement une condensation dans les vapeurs, & les exhalaisons qui s’élèvent de la terre & des eaux, sur-tout dans les endroits où l’évaporation est plus abondante, comme les sols marécageux & aquatiques, les bas