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qu’on appelle branches-mères, (Fig. 1, Pl. 16.)

Ces branches-mères sont deux seules branches, sur lesquelles, dès la première taille, on réduit tout l’arbre ; l’une placée à droite, & l’autre à gauche, en forme de fourche, représentant la figure d’un V un peu ouvert.

Ces deux branches-mères sont encore appelées branches tirantes, parce qu’elles tirent & reçoivent immédiatement de la greffe toute la substance, pour ensuite la répartir à toutes les autres qui naissent d’elles.

On distingue ensuite un second ordre de branches, qu’on nomme membres ou branches montantes (Fig. 2) & descendantes. (Fig. 3) Ces membres sont des branches ménagées de distance en distance, sur les deux parties qui composent la fourche ou l’V ouvert. Les branches montantes garnissent le dedans, & les branches descendantes garnissent le dehors, ainsi qu’on va le représenter.

Ainsi donc, on supprime à tous les arbres d’espalier, le canal direct de la séve, & jamais on ne laisse aucune branche perpendiculaire à la tige & au tronc. Toutes les branches sont ce qu’on appelle obliques & toujours de côté.

Un troisième ordre de branches achève la formation & la structure des arbres suivant cette méthode de Montreuil. Ces branches sont appelées branches-crochets, parce que de la façon qu’elles sont placées sur ces membres, elles forment la figure d’autant de crochets. Ces derniers garnissent tout l’arbre, & l’industrie du jardinier est de ménager toute chose, de telle sorte que toujours & partout, il y ait de ces branches-crochets, qui sont les branches fructueuses.

Au premier coup-d’œil, on imagine la chose bien difficile, mais on a vu par les Fig. 2 & 3, que rien n’est plus simple ni plus aisé. Ces branches-crochets se partagent en diverses autres sortes de branches, que l’on caractérise suivant leurs différentes façons de pousser, selon qu’elles sont diversement disposées, & conformément à la place qu’elles tiennent sur l’arbre, ainsi qu’il a été dit plus haut ; en branches fortes ou gourmandes, branches demi-fortes ou demi-gourmandes, des branches verticales & perpendiculaires, & d’autres obliques ou de côté.

Voici en deux mots tout le systême. À la première année, on fait prendre à un arbre d’espalier la figure de l’V ouvert ; ce sont les deux branches-mères ou branches tirantes qui forment chacune un côté de cet V ouvert ; les branches-montantes (Fig. 2) garnissent le dedans, & les branches descendantes (Fig. 3) le dehors. Les unes & les autres réunies représentent l’arbre complet dépouillé de ses feuilles (Fig. 4) & chargé de feuilles & de fruits. (Fig. 5)

Dans cette figure, certaines branches sont perpendiculaires, mais il faut observer qu’elles ne sont point perpendiculaires directes, mais placées sur des obliques, ce qui fait un point essentiel.

Si on compare actuellement cet arbre ainsi taillé avec ceux qui sont livrés à la main du jardinier ordinaire, on verra une différence frap-