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de l’écorce & non d’un œil. 2o. Leur empatement : soit qu’ils partent de la peau ou de l’œil, leur base est épatée. Ils sont gros du bas, fournis, nourris même en naissant, & ils occupent toujours par leur base, presque toute la capacité de la branche dont ils sortent. 3o. La précipitation avec laquelle ils s’efforcent de pousser ; ils naissent, croissent, grossissent & s’alongent comme tout à coup : il en est qui durant un été poussent jusqu’à six ou sept pieds de haut, & qui parviennent à la grosseur du doigt. J’ai vu un gourmand sur abricotier, avoir plus de deux pouces de diamètre & plus de neuf pieds de haut. 4o. Le tissu du bois d’un gourmand, & son écorce sont des marques certaines auxquelles il se fait connoître. Ces sortes de branches commencent de fort bonne heure à avoir par le bas cette couleur brune de la peau, qui n’existe sur les bourgeons, que lorsqu’ils sont convertis en bois dur. Ces caractères distinctifs sont une suite de l’abondance immodérée de la séve. 5o. Leurs boutons sont différens de ceux des autres branches, sont petits, noirâtres, & fort distans les uns des autres. 6o. La figure le décèle. Ils ne sont point exactement ronds, comme les branches venues dans l’ordre naturel, mais applatis plus ou moins d’un côté ou d’un autre jusqu’à ce qu’ils grandissent. 7o. Leur écorce, au lieu d’être lisse, luisante, vernissée, est ordinairement graveleuse & raboteuse. Au mot Gourmand, nous indiquerons la manière d’en tirer un parti avantageux.

Branches folles ou chiffonnes. Ce sont de menues branches qui ne sont d’aucune valeur, ni d’aucun avantage pour les arbres, & qui naissent sur des arbres malades, ou sur des arbres vigoureux qui regorgent de séve. Le mûrier fournit beaucoup de branches chiffonnes, parce qu’en cueillant la feuille on détruit les boutons ; il en naît de secondaires sur la console ou bourrelet qui supportoit le bouton, & comme elles ne reçoivent point assez de séve pour donner de bonnes branches, elles restent chiffonnes.

Quoique dans ce même article, on ait déjà parlé de la position des branches, il faut encore en dire un mot, & avec M. de Schabol, parler le langage des jardiniers.

Il y a deux autres sortes de branches, savoir des branches perpendiculaires, directes, verticales & d’aplomb à la tige & au tronc, & des branches latérales. Perpendiculaires, veut dire en ligne droite ; directes, qui part immédiatement du tronc & de la tige ; verticales, du mot latin, qui veut dire la tête, à raison de la façon de pousser des branches, toujours placées à l’extrémité de l’arbre : enfin d’à-plomb à la tige & au tronc, à raison de ce que ces sortes de bourgeons & de branches s’élancent du bas vers le haut, comme si on les eût posées avec l’à-plomb même : latérales, celles qui poussent de côté.

Dans le systême de Montreuil, outre ce partage des diverses branches, on en fait une nouvelle distribution ainsi qu’il suit.

Aux arbres d’espalier, on ne laisse que deux branches uniques,