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ordre étoit à peu près comme 51 à 50 ; enfin que le rapport de ces treize branches du second ordre aux six du premier étoit comme 5 est à 6 ou à peu près. Il conclut de-là que les treize branches étoient un peu moindres, non-seulement que les six branches du premier ordre, mais même que le tronc.

Il paroît assez singulier que les branches du premier ordre gagnent constamment de valeur sur le tronc, & que les branches du second ordre perdent sur celles du premier. Suivant l’auteur que nous copions, la cause de cette bisarrerie vient de ce qu’il meurt quantité de menues branches, & que cela diminue d’autant la solidité de ces sortes de branches. Car en supposant que l’on ait abattu une des six branches du premier ordre, il est probable que les autres auroient pu en devenir plus vigoureuses, & augmenter un peu de grosseur, mais si cette augmentation n’étoit pas proportionnée à la branche retranchée, les cinq branches restantes se trouveroient égales, ou inférieures au tronc, qui pourroit bien lui-même avoir un peu profité du retranchement de cette sixième branche.

La tendance continuelle des branches vers le ciel, la direction droite qu’elles affectent, & la force avec laquelle elles se redressent, sont autant de phénomènes du règne végétal, digne de l’attention & de l’étude la plus réfléchie du philosophe observateur ; mais comme ils appartiennent plus particulièrement à la tige, nous en renvoyons l’explication à ce mot. M. M.

Après avoir considéré les branches avec l’œil du physicien, il faut encore les examiner avec celui du jardinier. Le premier développe la formation, & le second s’en sert pour leur faire produire du fruit à volonté, & afin de donner à l’arbre une forme aussi utile qu’agréable. L’ouvrage de M. l’abbé Roger de Schabol, dans lequel il décrit la méthode sublime des habitans de Montreuil, commence à produire une heureuse révolution dans la taille des arbres. En effet, il est impossible de voir des arbres plus beaux, plus sains, plus vigoureux, & qui se conservent plus long-tems dans le luxe de la végétation, si je puis m’exprimer ainsi. Pour parvenir à cette perfection de la taille des Montreuillois, l’arbre doit être suivi depuis le moment qu’il pousse ses premières branches. Cette taille a sa nomenclature comme les autres arts ; il est essentiel de bien l’entendre, pour comprendre ce qui sera dit à ce sujet dans le cours de cet Ouvrage. C’est M. de Schabol qui va parler, & je me fais gloire de copier ici les préceptes de ce grand maître, & de publier de nouveau ses observations.

Trois sortes de branches sur tout arbre, des grosses, des moyennes, & des petites. Ces trois sortes de branches se partagent en différentes classes, savoir :

Branches à bois. Elles ne portent que des boutons à bois, (voyez ce mot) elles sont lisses ; leurs fibres sont droites, alongées, aplaties les unes sur les autres, occupant toute l’étendue de la branche, & diminuant à mesure qu’elle diminue de grosseur jusqu’à son extrémité. Elles sont si filandreuses, qu’elles se détachent comme des brins de chanvre