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lorsqu’on connoît les belles expériences de M. Hales, rapportées dans sa Statique des végétaux, & si souvent répétées après lui, dans lesquelles il renverse un arbre, plante ses branches comme des racines, & ce qui, auparavant, formoit ses racines, devient ses branches. J’ai dans ce moment beaucoup de boutons de ce genre en terre, d’arbres différens, & sur-tout d’oliviers. J’en rendrai compte en parlant de cet arbre si essentiel à multiplier. Quant aux grenadier, épine blanche & groseillier, j’ai par-devers moi la preuve de leur entière réussite.

Troisième genre de boutures. À mesure que l’arbre devient plus précieux, & qu’il est plus difficile à la reprise, il faut multiplier les secours. Veux-je, par exemple, faire des boutures de l’olivier ? je prends une ficelle, & je ceins de deux à trois tours le bas de la branche, à un pouce environ au-dessus de son insertion sur le tronc, & je serre la ficelle de manière que tous ses points pressent sur l’écorce ; si l’on serre trop fort, on mâche, on sépare l’écorce circulairement, & presque toujours la partie superieure au cordon périt. Le serrement doit être en raison du tems auquel on le pratique ; si on le fait au premier printems, la branche n’est pas encore pourvue d’une grande quantité de séve ; on peut alors serrer un peu fort, & la séve descendante formera le bourrelet à mesure que la branche grossira. Si on fait la ligature lorsque la branche est prête à fleurir, une ligature un peu serrée coupe l’écorce. Ici la modération est nécessaire. Si c’est au mois d’Août, il faut serrer au moins comme au premier printems, parce que l’écorce est devenue dure, & l’olivier a le tems de former le bourrelet avant l’hiver. Voici le résultat de quelques expériences faites sur les boutures de cet arbre.

La bouture simple, c’est-à-dire, celle qui n’avoit ni bourrelet, ni morceau de vieux bois, a poussé moins bien que les deux suivantes, & il en est péri un plus grand nombre.

La bouture qui tenoit à une petite portion de vieux bois, a mieux réussi en tout genre que la première, & moins que la troisième.

La bouture armée de son bourrelet formé par la ligature, a plus complétement prospéré que les deux premières ; & celle qui, outre la ligature, avoit encore un peu de vieux bois, a mieux réussi que toutes les autres.

J’invite à répéter ces expériences sur cet arbre & sur plusieurs autres, & je prie ceux qui se livrent à ces essais, d’avoir la bonté de me communiquer leurs résultats. Toutes les boutures sur lesquelles j’ai fait des ligatures, étoient des bourgeons de l’année précédente, bien vigoureux, & de la grosseur du petit doigt. J’ai ficelé quelques-unes de ces branches sur la hauteur de douze à vingt-quatre lignes, de la manière que l’est un bâton de tabac. Il s’y est formé autant de bourrelets qu’il y avoit de ligatures ; ils n’étoient point aussi saillans, aussi caractérisés que dans le premier cas, ou plutôt, l’écorce se bomboit entre les deux cordes. Ces boutures mises en terre, ont assez mal réussi en comparaison des troisièmes. Je le répète ; il faut