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gues, obtuses au sommet ; dans le coudrier, elles sont pareillement concaves, mais larges & surchargées d’utricules ; dans le chêne, elles sont longues & d’une forme très-agréable ; d’autres enfin, telles que celles de la violette & de la mauve, sont découpées & dentelées. Quelquefois ces feuilles caduques adhèrent à la véritable feuille ; quelquefois aussi elles sont implantées au-dessous d’elle. Nous verrons leur développement à l’article des boutons à bois.

Arrêtons nous ici un instant pour admirer la sage prévoyance de la nature. Si l’embryon étoit recouvert immédiatement par les écailles, il arriveroit souvent qu’il lui seroit impossible de se développer par la résistance que lui opposeroient les écailles adhérentes les unes contre les autres, en raison du suc gluant dont nous avons parlé. En grossissant, il seroit nécessairement gêné & mis à l’étroit par cette enveloppe, qui se durcit à mesure que la saison avance ; il ne pourroit gagner en hauteur sans être déchiré par le tranchant de l’extrémité des écailles. Qu’a fait la nature pour parer à ces inconvéniens ? Elle a, pour ainsi dire, rembourré l’espace entre les écailles & le germe, de feuillets herbacés, mollasses, ou de filets & de poils susceptibles d’être comprimés, & de céder aux efforts continuels du germe qui se développe en les serrant de plus en plus les uns contre les autres. À mesure qu’il croît, les feuillets & les poils l’accompagnent dans sa route, jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour se débarrasser tout à la fois & d’eux & des écailles.

Ce qui n’est qu’une espèce de duvet dans quelques arbres, se trouve être des poils d’une certaine longueur dans d’autres ; dans la vigne sur-tout, ils sont crépus ; & partant des feuilles de la tige, ils enveloppent le reste du bouton. Dans quelques plantes, le pas d’âne, par exemple, ils sont si épais & tellement mêlés, qu’ils forment une espèce de feutre ou de couverture, qui emmaillotte l’embryon comme un enfant dans son berceau.

Tous les arbres n’ont pas leurs boutons aussi garnis. En général ceux des pays chauds sont, pour ainsi dire, habillés à la légère ; & dans ceux qui ne redoutent pas le froid, on ne trouve ni écailles, ni duvet ; de petites feuilles extérieures faites en forme de coquilles roulées les unes sur les autres, servent seules à garantir l’embryon qui occupe le milieu ; tels sont les lilas, les rosiers, les noisetiers.

Grew, dans son analyse du bouton, distingue dans le bourgeon six parties différentes ; les feuilles, les sur-feuilles, les entre-feuilles, les tiges des feuilles, les chaperons, & les petits manteaux ou voiles. Les quatre premières appartiennent aux feuilles, & nous en traiterons à ce mot ; les autres sont les petites écailles les plus intérieures, qui quelquefois approchent de la figure d’une feuille ronde.

Après avoir examiné les écailles, les feuillets & les poils, on arrive enfin aux feuilles recouvrant le germe qui devient, ou une branche, ou les organes de la réproduction, c’est-à-dire, une fleur ; mais ils n’y sont, pour ainsi dire, qu’en miniature, qu’en ébauche ; on peut cependant les appercevoir