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on se plaindra moins de la suppression. Un médecin meurt de faim sans malades, & un procureur sans procès.

C’est par cet esprit de corps qu’on voit subsister en Auvergne, depuis plus de quatre cens ans, la famille des Pinçou, celle des Fleuriot en Lorraine ; & il est à présumer que le sublime Kliyoog ou Jacques Gouyer, transmettra à ses enfans, & ses connoissances & sa manière de vivre. Ces noms méritent qu’on s’en occupe, & puisse leur exemple être imité ! (Voyez ces mots)


BOUSE. Fiente du bœuf & de la vache. On dit communément que c’est un engrais froid, moins chaud que celui du cheval. Cette expression est trop vague & incorrecte. La bouse est plus aqueuse que le crotin, & contient plus d’eau ; rassemblée en masse, elle fermente moins fortement que le fumier de cheval. On l’appelle un engrais frais, très-utile pour les terrains secs & sablonneux, parce qu’il s’y décompose plus lentement que l’autre. Tous deux sortis du monceau, jetés sur le sol, ou enterrés, ont une chaleur égale : le thermomètre le prouve. Si vous voulez donner plus d’activité au fumier de bœuf, faites de distance en distance de petites couches de chaux réduite en poudre, lorsqu’on les met en monceau pour fermenter. La fiente que ces animaux répandent sur les prés, est en grande partie un engrais perdu. Si on veut qu’il soit actif, il doit auparavant avoir fermenté en masse, & éprouvé dans sa totalité de nouvelles combinaisons. (Voyez le mot Engrais) Il est évident que cette bouse répandue çà & là, indistinctement sur le sol lorsque l’animal pâture, est bientôt desséchée par l’action du soleil ; sa chaleur volatilise, dissipe les sels & le principe huileux qu’elle contient, & il ne reste plus que la partie terreuse de l’excrément, tandis que la bouse rassemblée en masse, fermente, combine, recombine ses principes, & n’en perd aucun.


BOUSIN ou Bouzin. C’est la matière première & limoneuse des pierres en carrière. Elle est, pour ainsi dire, aux pierres dures, ce que l’aubier est au bois : c’est une pierre encore imparfaite, voilà sa signification propre ; mais dans certaines provinces on s’en sert encore pour désigner la couche inférieure de terre qui se trouve au-dessous de celle qui est communément travaillée. Cette couche prend dans d’autres endroits le nom de tuf, si elle est pierreuse & caillouteuse. Quelques auteurs recommandent beaucoup de ne pas toucher à la première, de ne la point ramener à la surface, parce que, disent-ils, elle n’est pas cuite. Je ne suis point de ce sentiment, sur-tout à l’égard des terres qui donnent du grain de deux années l’une. Certainement pendant l’année de repos, elle aura le tems de cuire, pour me servir de leur expression, puisque la lumière, la chaleur & tous les météores auront le tems d’agir sur elle, d’unir leurs principes avec les siens, de les combiner & de les faire fermenter ensemble. L’opération de ramener la terre de la couche inférieure sur la supérieure, suppose des labours