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conserver pendant une année entière dans des vaisseaux clos, en la couvrant d’un peu d’huile. Plusieurs auteurs l’ont recommandée comme un remède très-adoucissant dans les douleurs de la gravelle & de la pierre ; d’autres ont vanté l’infusion de la seconde écorce du bois, pour prévenir ces maladies ; aucune expérience bien faite, bien authentique, ne prouve cette propriété ; & il seroit fort à desirer qu’elle en jouît.

Usage. L’écorce sèche & pulvérisée, se donne depuis une drachme jusqu’à une once, en infusion dans six onces d’eau ; récente, depuis deux drachmes jusqu’à deux onces, en infusion dans la même quantité d’eau. La dose du suc est depuis trois onces jusqu’à six pour l’homme, & depuis une demi-livre jusqu’à une livre pour l’animal.

Propriétés économiques. Dans le Canada, les sauvages font d’excellens canots avec son écorce ; & les gaulois, nos ancêtres, écrivoient sur sa seconde écorce. Son plus grand & plus utile usage est pour les cerceaux de barriques & de cuves ; ils ne valent pas ceux faits en châtaignier ; cependant ceux-là se conservent mieux dans les endroits humides, si on a eu le soin de leur conserver leur écorce. Si les tiges sont longues & droites, elles servent à cercler les cuves. Les petits rameaux font d’excellens balais, & les meilleurs de tous pour les blés sur l’aire ; il faut alors les faire peu épais, d’un pouce au plus, & leur donner beaucoup de surface, en écartant les maîtres rameaux ; communément on les divise en plusieurs petits paquets, mais tous liés ensemble du côté du manche. Les vanniers se servent de ces rameaux, en les dépouillant de leur écorce, pour fabriquer des paniers, qui, dans ce cas, ne valent pas ceux faits avec l’osier. Les charrons en font des jantes de roues, inférieures à celles d’ormeau ou de frêne. Le bois, réduit en charbon, est excellent pour les forges & pour les fonderies. Les suédois couvrent leurs maisons avec l’écorce de l’arbre, & cette toiture dure assez long-tems. Ils en font des cordes de puits, ou bien ils tordent cette écorce, & elle leur sert à faire des torches pour s’éclairer pendant la nuit.

Culture. Cet arbre figure très-bien dans un parc, lorsque le terrain est humide ; cependant on en voit d’assez beaux dans les sols sablonneux. La nature fait ordinairement tous les frais pour semer le bouleau ; & quand une fois il s’est emparé d’un endroit, il couvre bientôt toute la superficie qui l’environne. Il vient difficilement de graine si la main de l’homme le sème. Il vaut mieux aller dans les bois lever les plus jeunes plants, & les déposer dans une pépinière, les y soigner pendant deux à trois ans, & les transplanter ensuite, sans briser aucunes de leurs racines. Si on desire faire taller la plante, on la recoupe rez terre lorsque le tronc a un pouce d’épaisseur ; elle pousse alors beaucoup de jets ; & quelques corbeilles de terre jetée dans le centre de ces jets, & assez pour bien en couvrir la base, serviront à leur faire pousser des racines, de manière que chacun deviendra un arbre si on a soin de