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de vraisemblance, puisque la fièvre est un état contre nature, toujours accompagné d’un dérangement dans les fonctions vitales, & ordinairement mortelle dans cet animal. Or, est-il probable que la chèvre fût aussi gaie, aussi pétulante, si l’ardeur de la fièvre la consumoit ? brouteroit-elle l’herbe avec autant d’appétit ? boiroit-elle avec autant de plaisir ? prendroit-elle de l’embonpoint ? Disons donc avec plus de raison, que quoique la voix de la chèvre soit tremblante, elle est dans un état de santé comme les autres animaux, & que son cri tremblant ne paroît être celui d’un animal qui a la fièvre, ou qui se plaint, que par la constitution particulière de ses organes ; mais cette digression seroit étrangère à notre objet.

§. VII. Combien de tems vit la Chèvre.

Elle vit ordinairement jusqu’à l’âge de dix à douze ans. J’en ai vu une de l’âge de dix-huit ans, qui fournissoit une pinte de lait par jour.

§. VIII. De l’achat des Chèvres.

Il est des précautions à prendre lorsqu’il est question d’acheter des chèvres. On doit examiner si elles ne sont pas dans un état de langueur, & si elles ne sont pas abattues. Un animal aussi pétulant, aussi léger, ne cesse d’être agile que lorsqu’il est malade. Les chèvres boivent le jour même qu’on les achète ; ce qu’elles ne font point lorsqu’elles sont dans un état de maladie.

§. IX. Du climat le plus convenable à la Chèvre.

On trouve des chèvres semblables à celles de France, dans plusieurs parties du monde ; & l’on observe qu’elles sont plus petites dans les pays chauds que dans les pays froids. C’est pour cette raison qu’elles sont plus grandes en Moscovie & dans les autres climats de cette température, que dans la Guinée ; & que dans un même royaume, celles qui vivent dans les provinces situées au nord, sont plus grandes que celles qui habitent les provinces méridionales ; voilà pourquoi aussi, & l’expérience le prouve, celles que l’on élève en Picardie & dans l’Île-de-France, sont plus grandes & plus belles que celles du Bas-Languedoc & du Roussillon.

§. X. De ses maladies.

On peut les considérer comme externes & comme internes. Elles se divisent en maladies de la tête, du tronc & des extrémités.

Les maladies internes de la tête sont, le vertige ou tournoiement, l’assoupissement & l’apoplexie ; les externes sont, la fracture des cornes, l’onglée, la tumeur sous la ganache, les aphtes, le bouquet & les maladies extérieures des yeux.

Les maladies internes du tronc, sont, la fièvre, la toux, l’esquinancie, l’hydropisie, l’enflure de la matrice, le pissement de sang, la diarrhée, la constipation, le mal-sec & le feu de saint Antoine ; enfin, les maladies putrides. Les externes sont, la gale, la fracture