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prudent d’y joindre un pouce de hauteur de fumier de litière à demi pourri, ou de la paille hachée, & encore mieux, de la balle du blé : par ce moyen ce jeune plant est à l’abri des petites gelées printanières, & des vents secs & arides du nord, qui règnent ordinairement tous les printems. »

Après avoir fait connoître la méthode de M. Masset pour l’asperge de Gravelines, il est nécessaire de mettre sous les yeux du lecteur celle de M. Fillassier, pour celle qu’il appelle de Hollande, puisque tous deux se sont spécialement appliqués à cette culture, & le lecteur les comparera.

« L’asperge de Hollande, dit M. Fillassier, étant fortement organisée, & pouvant se prêter à la plus ample végétation, veut une terre de la meilleure qualité, ou rendue telle par le secours de l’art, c’est-à-dire, cette terre doit tout à la fois être grasse & meuble ; grasse, afin qu’elle lui fournisse une nourriture abondante ; meuble, afin qu’elle ne mette aucun obstacle à l’extension de ses racines, ni à l’éruption de ses tiges. Le défaut de ces deux qualités fait dégénérer l’asperge en peu d’années. »

» On sait que le meilleur & même le seul moyen d’ameublir une terre trop compacte, est, après l’avoir défoncée & pulvérisée à plusieurs reprises, par un tems sec, d’y mêler une quantité de sable pur, proportionnée à la densité de cette terre. Le sable est, dans ce cas, bien préférable au terreau, conseillé par quelques auteurs ; le terreau n’a presque point de durée dans ces sortes de terres ; & bientôt s’amalgamant avec elles, il les laisse rentrer dans leur premier état. »

» On n’ignore pas non plus que la méthode la plus sûre de rendre substantielle une terre trop maigre, est d’y mêler de la terre grasse avec du fumier de vache bien pourri sous l’animal, & bien consommé en tas. Ce fumier même, s’il est bien onctueux, pourroit suffire au défaut de terre grasse ; mais son effet, sans elle, est infiniment moins durable. »

» Si, pour cultiver l’asperge de Hollande, il est essentiel que le terrain soit gras & meuble, il n’est pas moins nécessaire aussi qu’il ne soit ni trop sec, ni trop humide. La trop grande sécheresse la rend dure, ligneuse, moins féconde, la conduit au marasme, & bientôt à la mort. Trop d’humidité chancit les racines, pourrit la plante, lui cause une espèce de pléthore, & la rend très-susceptible aux effets de l’intempérie des saisons. Le point capital est donc de bien apprécier la nature du terrain destiné à cette espèce d’asperge. »

» Si le terrain est maigre, sec & brûlant, on creuse à la fin de Septembre, les fosses destinées à former l’aspergerie, à quatre pieds de profondeur, sur autant de largeur, & la longueur est arbitraire. Afin que l’ouvrage soit plus propre & plus régulier, il faut, avant d’ouvrir la fosse, en tracer les dimensions avec exactitude, en s’alignant au cordeau de part & d’autre. Si le terrain est sur la pente d’un côteau, il faut ouvrir les fosses dans la direction opposée à cette pente ; autrement la terre étant supposée très-légère & très-maigre, bien