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mentée par quelques auteurs, se perfectionne entre les mains d’un illustre secrétaire d’une savante académie ; déjà M. Dambourney a su extraire un nombre non moins prodigieux que varié, de couleurs ou de nuances du règne végétal. Rien ne résiste à l’activité de l’homme ; il suffit, pour ainsi dire, qu’il forme un souhait, pour que la nature se fasse presque une loi de le remplir ; & quel est le règne où elle lui offre plus de ressource & plus d’avantages que la botanique ?

IV. Des plantes propres à la décoration des jardins. C’est trop peu pour elle que l’utile, elle a voulu y joindre l’agréable. Pourquoi a-t-elle peint de si vives couleurs ces calices & ces pétales ? Pourquoi-a-t-elle étendu ces nuances verdâtres sur ces feuillages touffus ? Pourquoi a-t-elle rempli ces nectaires de parfum délicieux ? n’est-ce pas pour flatter agréablement tous nos sens ? Quels charmes ! quelles délices ! Mon œil récréé fait passer dans mon ame la douce sensation qu’il éprouve ; mes sens flattés goûtent un plaisir pur ; c’est celui qui naît de la contemplation de la nature. Vastes forêts, retraites délicieuses, vous nous offrez des bosquets où la nature sourit de tous côtés, où elle étale mille beautés intéressantes & variées : là un air embaumé circule sous les touffes majestueuses des arbres élevés ; ici des plantes fleuries mêlent leurs beautés, & confondent presque leurs tiges avec les branches surbaissées de ces buissons. Quel doux murmure agite ses feuilles argentées ! Comme ce ruisseau serpente parmi ces fleurs, & répand la fraîcheur & la vie ! Comme mon œil repose sur ces masses que le zéphir agite mollement ; comme il suit cette architecture champêtre ; comme il s’égare à travers les sinuosités de ces berceaux ; comme il revient ensuite parcourir ce parterre émaillé, ce riche tapis que l’art tentera toujours en vain d’imiter ! L’art égalera-t-il jamais la nature ! Mais, ô séjour enchanteur ! pourquoi êtes-vous éloigné de moi ? pourquoi faut-il vous aller chercher au loin ? pourquoi ne vous transporterai-je pas autour de ma demeure ! Si mon industrie n’égale pas cette simplicité dont la nature a fait votre plus bel ornement, du moins vous serez l’ouvrage de mes mains. C’est moi qui aurai semé & cultivé ces fleurs odoriférantes, distribué ce parterre ; c’est moi qui aurai planté ce bois touffu, qui aurai percé ce parc, dessiné ce boulingrin, courbé ce bosquet ; c’est moi qui aurai rassemblé enfin tous ces êtres ; ils me devront la vie & l’entretien. Quelle jouissance ! Mais qui m’indiquera les plantes qui doivent se succéder les unes aux autres, & décorer mon parterre, soit par leurs fleurs, soit par leurs fruits ? Qui me nommera les arbres & les arbrisseaux dont je dois composer la retraite de la paix, du silence, de la tranquillité & du plaisir, si ce n’est la botanique, cette science universelle des végétaux ?

Section VII.

Herbier & Collection de plantes.

Que de bienfaits nous lui devons ? Que de secours elle nous a prodigué ? De quels plaisirs n’a-