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botanique veut bien encore guider nos pas, soyons dociles à ses leçons.

§. II. De la culture artificielle.

La nature, cette mère généreuse, nous a prodigué jusqu’à présent ses soins, tant qu’il n’a été question que de produire les végétaux qui nous étoient de première nécessité : notre luxe, notre gourmandise, notre avarice, toujours insatiables, ont voulu l’asservir & lui arracher des biens qu’elle sembloit vouloir éloigner de nous. Elle n’a pu se refuser à nos desirs, mais elle a exigé que nous dussions à nos peines & à nos travaux ces nouvelles jouissances.

Parmi les plantes, les unes naissent dans des climats éloignés, les autres ont une forme & une saveur peu agréables ; quelques-unes s’abandonnant à leur vigueur naturelle, poussent tout en bois & en feuilles, au détriment des fruits ; celles-ci isolées ne peuvent être que de foible secours ; celles-là naissant, croissant & mourant dans des déserts, nous en privent absolument. La botanique, secondée par notre industrie, nous apprend à multiplier ces dons de la nature, à les améliorer, à les conserver & à les rassembler dans un même lieu ; ce qui forme quatre objets bien distincts dans cette partie de la culture ; multiplication des plantes, institution végétale, (pour me servir de l’expression du baron de Tschoudi) conservation & jardins botaniques. Nous allons les parcourir successivement, n’en offrant que le tableau, & réservant les détails aux mots propres.

I. De la multiplication des plantes. Les plantes annuelles, quelque tems avant leur mort, produisent des semences qui doivent donner naissance à une nouvelle génération, & les perpétuer d’âge en âge. Les plantes vivaces n’attendent pas l’instant de leur dépérissement pour se reproduire par les graines ; chaque année elles nous offrent, après la saison des fleurs, leurs fruits qui renferment les germes régénérateurs. Cette marche de la nature paroît uniforme dans tous les individus ; & l’on peut assurer qu’il n’y a pas de plantes qui ne portent des graines, quoique dans certaines espèces elles ne soient pas apparentes. Il est cependant d’autres moyens de réproduction & de multiplication : les ressources de la nature sont infinies, & ses merveilles se rencontrent à chaque pas. Ici, des racines arrachées de la racine principale, peuvent donner des branches qui se chargeront de feuilles, de fleurs & de fruits. Là, des branches couchées dans la terre, pousseront des racines d’un côté, & des tiges de l’autre. Auprès de ces jeunes plantes qui doivent l’existence aux germes développés de la graine, croissent les mêmes plantes venues de bouture & de marcotte. Ce bourgeon, cet œil est-il donc indifférent à donner des racines ou des branches, des fleurs ou des chevelus ? Quels prodiges inconcevables ! Qui percera le voile dont la nature couvre ici ses opérations ? Ce ne peut être que la botanique qui, dans la partie de l’anatomie & de la physiologie végétale, essayera de débrouiller ce cahos en suivant la marche de la nature pas à pas.

Quand vous connoîtrez bien ce que c’est qu’une graine, quelles