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les melons, les courges, les potirons & les concombres.

La botanique ne nous donne pas ici les mêmes préceptes indistinctement pour toutes ces plantes. Celles de la première classe, une partie de la seconde & quelques-unes de la troisième, ne craignent pas d’être semées en pleine terre & d’être abandonnées entièrement à la nature & à l’influence des météores. Fortes & vigoureuses par elles-mêmes, & propres à presque tous les climats, il suffit de leur choisir la terre & l’exposition qui leur convient le mieux. Les autres, au contraire, exigent une culture particulière & certains degrés de chaleur. Dès-lors si vous voulez les faire croître dans un canton où la nature du terrain & celle du climat leur est contraire, il faut nécessairement avoir recours à l’artifice, & suppléer, pour ainsi dire, à la nature.

Le nom, l’histoire & la culture de ces trois genres de grains appartiennent bien directement à la botanique, mais on est convenu d’en former une science particulière, connue sous le nom d’agriculture. Ces principes, pour être bons, ne doivent jamais s’éloigner de ceux de la botanique ; celle-ci est la base & le fondement de celle-là. L’agriculture en grand porte ses regards au-delà de la plante qu’elle cultive ; elle s’occupe non-seulement des défrichemens, des engrais, des labours & des instrumens aratoires, mais encore ne faisant qu’un corps avec le systême politique & le commerce, les rapports & ses relations la distinguent aisément de la simple botanique. Où ces relations commencent, l’agriculture cesse de faire partie de la botanique & n’entre plus dans notre plan.

V. Des vignes. Un homme qui jetteroit les yeux sur des côteaux chargés de vignes, croiroit au premier coup d’œil que la même espèce de vigne les recouvre de ses pampres & de ses raisins : s’il approchoit de plus près, il distingueroit aisément à la forme des feuilles, à la grosseur des grains qu’il s’étoit d’abord trompé, & que la vigne a ses variétés comme presque toutes les espèces de plantes. Cette variété est beaucoup plus considérable que l’on ne pense, & la qualité du vin dépend souvent en partie de la nature du raisin. Un agriculteur qui veut planter des vignes, doit connoître ces variétés, afin de choisir celle qui, cultivée dans telle ou telle position, fructifiera plus abondamment. La botanique, par ses phrases claires & simples, lui sera d’un secours infiniment au-dessus de la nomenclature vulgaire, si embrouillée & si peu d’accord de province à province ; il le fera entendre de tous les botanistes & même de ceux qui ne le sont pas, s’il veut les décrire ; & sur des espèces qu’il aura choisies, il n’aura pas la douleur de voir, au tems de sa récolte, ses espérances trompées.

Jusqu’à présent la botanique ne nous a donné que des préceptes généraux, parce qu’elle a supposé que les plantes que nous voulions cultiver convenoient & au terrain & au climat. Notre desir effréné de posséder & de jouir, même des biens que la nature a prodigués à d’autres climats, nous a fait imaginer la culture artificielle : ici la