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I. De la connoissance des sols. Si toute la terre qui enveloppe notre globe, & qui est susceptible de culture, étoit la même, uniforme partout, la culture seroit une (abstraction faite du climat) ; ajoutons, on ne pourroit cultiver avec succès qu’une seule espèce de plante, celle qui conviendroit à ce terrain. Mais heureusement le sol change à chaque pas, & nous met à même de varier, & de cultiver les diverses plantes qui doivent nous servir. La terre végétale n’est qu’un composé de plusieurs autres espèces, qui dominent les unes sur les autres par cantons, par régions entières. Ici c’est une terre forte & argileuse que l’humidité pénètre difficilement ; qui une fois imbibée des eaux que la neige dépose, ou que la pluie verse abondamment, se dessèche avec peine ; que le soleil durcit, à la longue, & rend presqu’impénétrable à l’action des météores : là, au contraire, c’est une terre légère, friable, meuble, que la douce chaleur du soleil pénètre facilement, qui suit, pour ainsi dire, toutes les vicissitudes de l’atmosphère : plus loin, ce n’est qu’un sable ingrat, sans liaison, sans principe végétatif : à côté, l’on apperçoit un terrain marneux, peu fertile par lui-même, mais capable de répandre la vie dans les sols qui l’environnent, ou qui le recouvrent ; enfin, des terres mélangées, à différentes proportions, de toutes celles-là, offrent d’autres rapports & d’autres principes. Si l’agriculteur indiscret ne craignoit pas de confier à ces sols si variés la même semence, de planter la vigne ou des arbres forestiers dans tous ces terrains, devroit-il être étonné de voir évanouir ses espérances par de mauvaises récoltes, & le dépérissement de ses plantations ? De quel intérêt n’est-il donc pas pour lui de s’appliquer, avant tout, à la connoissance réfléchie du terrain qui forme son domaine, pour en tirer le parti le plus avantageux, & pour l’améliorer en corrigeant ses défauts ?

Il en tirera le parti le plus avantageux, en ne lui confiant que l’espèce de plante qui lui convient, & il l’améliorera, soit en composant un nouveau mélange approchant de celui que la nature a fait, au moyen de la terre argileuse sur un terrain sablonneux, du sable sur un terrain argileux, & de la marne ; soit en répandant sur ses terres les engrais que lui offrent abondamment les trois règnes.

Son terrain bien connu & bien préparé, il pourra se livrer avec sécurité à la culture des grands objets, ou des plantes utiles.

II. Des forêts. L’article des forêts ne regarde pas seulement le choix des arbres qui les composent, mais encore la manière de les semer ou de les planter, ainsi que le tems de leur exploitation. Ne croyons pas qu’il suffise de planter, de semer, de couper indifféremment une forêt, sans faire attention à la nature du terrain, à la position, à l’aspect & à l’élévation du sol, au climat & à la température ordinaire de l’atmosphère qui domine le canton, aux espèces d’arbres à employer, à la durée de leur croissance, à celle de leur vie. Tous ces objets sont de la plus grande conséquence. (Voyez le mot Forêt) C’est ici que la partie de la botanique qui traite