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la chaleur artificielle des serres & des couches en approche jusqu’à un certain point. (Aux mots Couche & Serre, on verra la différence de l’art avec la nature. Fidèles à ces principes, nous avons soin, à l’article des plantes, de parler du terrain où on les trouve & où elles réussissent.

III. Des qualités. La description des qualités d’une plante n’est pas moins importante. C’est précisément dans cette partie que la botanique est une science vraiment digne du philosophe qui ne cherche à s’instruire que pour être utile. Par le mot de qualité ou propriété, nous entendons, dans cet Ouvrage, la vertu médicinale d’une plante. Ces vertus sont reconnues dans un très-grand nombre de plantes. Le hasard, les recherches, les essais nous en découvrent tous les jours de nouvelles, & l’on peut presqu’assurer que la botanique renferme toute la médecine. Les sauvages, vrais enfans de la nature, & qui ne connoissent qu’elle pour guide, n’en ont point d’autre. La santé dont ils jouissent, le peu de maladies qui les affligent, la courte durée même de ces maladies, à quoi faut-il attribuer tous ces avantages, sinon à l’usage des simples ? (Voyez des détails sur cet objet au mot Vertus des plantes) En décrivant la plante, spécifiez exactement ses propriétés avérées, & admises en général ; indiquez même celles qui sont douteuses ; de nouvelles expériences peuvent les confirmer, ou en démontrer la fausseté. Une description bien faite doit les renfermer toutes, ainsi que les usages dont elles peuvent être.

IV. Des usages mécaniques. L’article de l’usage des plantes devient de jour en jour plus étendu. À mesure que l’industrie augmente, les plantes offrent de nouvelles richesses à l’homme, soit pour sa nourriture, soit pour la mécanique & les arts. Différentes nations emploient souvent la même plante à divers usages. Nous les approprier, c’est étendre nos connoissances & augmenter nos richesses. La nature offre à tout l’univers ses trésors ; c’est une mine inépuisable qui est ouverte, & dont l’exploitation n’est pas difficile. Hâtons-nous d’y travailler, ou du moins profitons des ouvrages faits par ceux qui nous ont précédés. Ne reprochons pas à la nature d’avoir fait croître dans des climats éloignés des plantes utiles ; les courses des voyageurs, le commerce, la transmigration des plantes, nous mettent à même de jouir de leurs avantages. On ne doit donc jamais négliger les détails des usages que différens peuples tirent d’une plante dans son histoire.

Section V.

De la culture des plantes.

La botanique n’a considéré d’abord les plantes que sous les rapports généraux d’êtres vivans, composés d’une infinité de parties qui toutes concourroient à leur existence, ou sous le point de vue, qu’ayant des parties communes, elles pourroient former une chaîne immense, composée de tous les individus végétans ; elle s’est élevée ensuite jusqu’à la contemplation de cette série : d’un coup d’œil rapide, parcourant ce nombre prodigieux,