Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/395

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toire naturelle considère son objet, & dans la forme extérieure, & dans son caractère particulier, & dans le lieu de sa naissance, de sa formation, & dans l’usage dont il peut être : ainsi, dans la botanique, l’histoire naturelle s’occupe de la description de toutes les parties de la plante, de son pays natal, du sol qui lui convient, du climat qui lui est propre, des qualités & des vertus qu’elle possède, & des usages dont elle peut être.

I. Description du port d’une plante. Il n’est point de partie dans une plante qu’il ne soit absolument intéressant de connoître. Depuis la racine jusqu’aux fleurs, tout doit être spécifié, tout doit être décrit. Il est des caractères (Voyez ce mot) essentiels qui empêchent de confondre telle ou telle plante ; quelques-unes ont des formes singulières & distinctives qu’on ne doit pas oublier. Il y a tant de variétés, en général, dans les racines, les tiges, les supports, les feuilles, les fleurs, les fruits, les semences ! Où en serions-nous si nous n’en avions pas une idée claire & complète ? comment pourroit-on reconnoître une plante d’après un auteur, s’il n’a pas été exact à la bien décrire ? C’étoit le défaut des anciens botanistes, sur-tout des grecs : attachés uniquement aux vertus médicinales, ils ne les distinguoient que par ces propriétés, en négligeant presque absolument leurs formes extérieures. Aussi quelle obscurité règne dans leurs ouvrages ! Il est presque impossible de spécifier & de nommer à présent la moitié des plantes dont ils ont laissé le nom & la description.

Pour remplir le but désiré, il faut s’attacher singuliérement à la forme, la couleur, l’odeur & la saveur même de chaque partie, s’il est possible ; la décrire, si les observations le permettent, à sa naissance, durant son accroissement, dans son état de perfection, pendant sa fleuraison & à sa mort. Les noms & les phrases employés doivent être clairs, simples, & intelligibles, même pour ceux qui ignorent absolument la langue botanique.

II. Description du sol & du climat. Pour parvenir à transplanter & multiplier les plantes étrangères dont on espère tirer parti, il faut les naturaliser dans nos climats. Deux connoissances sont nécessaires à la réussite de ce projet ; 1o. celle du sol ; 2o. celle du climat. Tous les végétaux ne croissent pas indifféremment dans toute espèce de terrain. La nature leur a donné, à la vérité, une force particulière, par laquelle elles s’approprient les sucs terrestres qui leur conviennent le plus, & aspirent dans l’atmosphère les élémens qui doivent servir à leur nourriture. Mais ces sucs propres, ces élémens ne se rencontrent pas par-tout. Telle plante demande un sol aquatique & marécageux, pendant que celle-ci veut une terre légère & sabloneuse ; des cailloux, un roc recouvert d’une légère couche de terre, conviennent à celle-ci, tandis que cette autre ne se plait qu’au milieu d’un terrain argileux. Il est donc essentiel de bien connoître le sol que la nature a assigné à chaque plante, afin de l’imiter, autant qu’il est possible, quand on veut la cultiver. La température du climat influe prodigieusement sur le règne végétal ;