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ne nous sont pas tous connus ; un très-grand nombre est échappé à nos recherches, & quantité de plantes ne trouvent point de place dans les familles naturelles que nous avons déjà déterminées. Ce sont des exceptions frappantes qui ne feroient que jeter de la confusion dans la botanique, si les méthodes artificielles, fondées sur des caractères moins sensibles à la vérité & moins multipliés, mais plus simples, plus généraux & aussi invariables que ceux des familles naturelles, & les systêmes n’avoient pas servi de fil dans ce labyrinthe obscur.

II. Le systême est un arrangement, un ordre général fondé sur la détermination d’un caractère quelconque, qui, comme principe fondamental, sert de base à toutes les divisions & sous-divisions. Ce caractère peut être tiré également du fruit, ou des organes sexuels, ou de la corolle, ou même des feuilles ; mais, pour qu’il fût bon & universel, il faudroit qu’il renfermât assez de divisions pour conduire, par une voie également sûre & facile, à la connoissance de toutes les plantes observées. L’expérience nous montre qu’aucun systême adopté jusqu’à présent, ne remplit toutes ces conditions ; & celui du chevalier von Linné, qui en approche le plus, n’est pas encore exempt de reproche à cet égard. Plusieurs savans se sont appliqués à le corriger dans certaines parties ; & de tous les systêmes, de toutes les méthodes, imaginés depuis, & qui par conséquent devroient être meilleurs, c’est le plus parfait & le plus exact pour le botaniste.

Dans toute méthode, comme dans tout systême, chaque division est désignée par un terme général qui la caractérise.

1o. Les classes ou familles, forment les premières divisions, celles du caractère général qu’on a adopté pour la première distinction.

2o. L’ordre ou section subdivise chaque classe, en considérant un caractère moins apparent, mais aussi général que celui qui constitue la classe.

3o. Le genre subdivise l’ordre, en considérant dans les plantes, indépendamment du caractère particulier de l’ordre, des rapports constans dans leurs parties essentielles, rapports qui rapprochent un certain nombre d’espèces.

4o. L’espèce subdivise le genre ; mais c’est par la considération des parties moins essentielles, qui distinguent constamment les plantes qui y sont comprises.

5o. La variété subdivise les espèces, suivant les différences, uniquement accidentelles, qui se trouvent entre les individus de chaque espèce.

6o. L’individu enfin, est l’être ou la plante qui arrête vos yeux, considérée seule, isolé, indépendamment de son espèce, de son genre & de sa classe.

Cette idée générale des divisions admise dans les méthodes & les systêmes, deviendra plus claire, par l’application que nous en ferons aux méthodes particulières de MM. Tournefort & von Linné. Pour la rendre plus sensible, dès à présent, nous emprunterons, avec M. Duhamel, la comparaison