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posent, combien plus l’histoire naturelle végétale doit-elle fixer l’attention de tout homme qui pense, de tout philosophe sensible à la vue des êtres qui l’environnent ! La botanique est cette partie de la science de la nature qui s’occupe directement de tout ce qui a un rapport immédiat au règne végétal : ainsi depuis la plante que le microscope seul peut offrir aux regards, jusqu’au chêne majestueux, tout ce qui végète est du ressort de la botanique.

II. Avantages, agrémens & utilité de la Botanique. Il est peu d’étude aussi satisfaisante, aussi intéressante, aussi digne de l’homme : à chaque pas il trouve des merveilles. La nature s’offre à lui sous mille formes agréables ; elle se dévoile à ses yeux, elle se présente avec tous ses atraits ; rarement lui fait-elle un mystère de ses beautés ; & s’il en coûte quelquefois un peu pour en jouir, quelle douceur accompagne cette jouissance ! Un plaisir pur, fait pour être senti par tout le monde, un plaisir qu’il rencontre à chaque pas, qui l’accompagne sans cesse, que l’ennui ne flétrit point, que le remords ne fait jamais regreter ; un plaisir sur-tout que l’on peut avouer, que l’on partage sans regret, que l’on augmente même en multipliant le nombre de ceux qui s’y livrent, parce qu’en même-tems on multiplie ses richesses : telle est la sensation dont cette étude enivre l’ame. Voir, admirer, suivre la nature pas à pas, être étonné de sa sagesse, de sa simplicité & de sa fécondité ; étudier, apprendre, & savoir, ou du moins compter sur quelque chose de certain, car ici tout est faits, apparence, réalité ; voilà la botanique. Cette science n’est point fondée sur des calculs, des démonstrations algébriques : son objet n’est pas à des millions de lieues de distance ; un grand appareil de machines dispendieuses autant que délicates & difficiles à manier ne sèment pas sur la route des entraves continuelles ; elle n’exige pas des instrumens compliqués, mais de bons yeux, des yeux surtout accoutumés à voir, à saisir, secondés quelquefois par une loupe ou un microscope ; un esprit droit & sage, qu’une imagination vive & exaltée n’emporte jamais au-delà des bornes : voilà tout ce que la nature demande à un amateur, à un philosophe qui veut la connoître dans un de ses règnes les plus intéressans. Quelquefois elle vous invitera à pénétrer dans son sanctuaire retiré, elle vous appellera par l’attrait si séduisant de l’amour des découvertes, par l’appas si flatteur de l’observer jusques dans ses retraites ; elle semblera vous conduire comme par la main à travers les forêts, les rochers arides, les sommets incultes. Avec quelle profusion ne récompensera-t-elle pas les soins, les peines, les sacrifices que vous faites à son étude ! Outre le bienfait d’une atmosphère pure qu’elle vous fera respirer, la sérénité des airs, la perspective étendue par un horizon immense, les points de vue délicieux qu’elle vous fait rencontrer sur ces hauteurs, elle jonchera vos traces de fleurs nouvelles, de plantes inconnues, dont le port & le caractère s’éloignent autant de ceux des végétaux qui nous environnent