Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/378

Cette page a été validée par deux contributeurs.

on ne sauroit forcer la nature. D’après ces observations préliminaires, entrons dans quelques détails.

Ier. Genre. Des bosquets toujours verts, plantés d’arbres, de grandeur & de force presqu’égale. Dans les provinces méridionales, le cèdre du Liban, le pin maritime de Bordeaux, le baumier de Giléad, le laurier tulipier, le grand chêne vert, le chêne-liège, l’olivier, qu’on ne rabaisse point dans cette circonstance ; le laurier franc, dont on a soin de supprimer les rejetons qui poussent des racines ; les cyprès mâles & les cyprès femelles ; tous ces arbres formeront un bel ensemble de différens verts. Dans le nord, on supprimera les oliviers, les lauriers, les cyprès, les chênes verts & les chênes-lièges.

Arbres verts moins élevés. Le pin d’Alep, le pin maritime de Mathiole, le pin-pinier, le torche-pin de Haguenau, le chêne vert, tel qu’il croît sur les bords de la Méditerranée. Les arbres-de-vie ou thuya de Chine & de Canada. On peut les cultiver dans toutes les plaines de France.

Arbres verts, moins élevés que les premiers & les seconds. L’arbousier, l’alaterne, les différentes espèces de genevrier, comme le genevrier oxycèdre, celui à fruit de couleur écarlate, & même celui de Virginie, dans les provinces méridionales seulement, excepté le genevrier commun ; le tamarin de Narbonne également ; celui d’Allemagne convient dans tout le royaume, ainsi que le buis, le phyllirea, le cèdre de Virginie, l’if, le houx, le petit chêne vert rampant, &c.

Arbrisseaux toujours verts. L’arbre de cire, le laurier-cerise, la sabine, le pourpier de mer, le genêt épineux, le laurier-thym, le buisson ardent, le ciste à feuille de laurier, le troëne, &c.

Arbustes toujours verts. L’auronne ou citronelle, le romarin, le ciste, le laurier alexandrin, le petit cyprès, la rue, la lauréole, le houx frélon.

Arbustes grimpans & toujours verts. Le lierre, le smilax, la clématite à feuille de poirier ; le chèvre-feuille toujours vert, celui de Mahon, celui de Virginie.

J’ai vu des bosquets où presque tous les arbres que je viens de nommer étoient rassemblés ; mais comme on les avoit placés indistinctement les uns parmi les autres, les plus forts étouffèrent successivement les plus petits. Ne seroit-il pas plus naturel de placer sur le premier rang extérieur, les arbustes ; sur le second, les arbrisseaux ; sur le troisième, ceux qui s’élèvent plus que les seconds & les premiers, en conservant entre ces rangs la distance que chacun exige, de manière que ce bosquet vu de loin, pyramideroit agréablement, & permettroit de distinguer toutes les espèces d’arbres qui le composent ? Cette manière me paroît la plus agréable. Il ne faut pas croire cependant, que tous ces arbres réussiront dans le même terrain ; ce seroit une erreur de laquelle suivroit nécessairement la destruction, ou du moins des clarières considérables dans ce bosquet, & qu’il est très-important d’éviter. Le laurier-tulipier, par exemple, aime un terrain humide, ainsi que le pin