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à sa longueur. On ne sauroit trop multiplier les piquets ou soutiens, parce que l’humidité de la terre, jointe à l’action du soleil, fait facilement déjeter les planches. Je conseille de faire brûler par le bas les piquets, jusqu’à ce qu’il se soit formé une couche charbonneuse d’une à deux lignes de profondeur. Ils durent plus long-tems en terre. Tout ce qui n’est pas brûlé doit être passé avec une couleur à l’huile à plusieurs couches, & il faut attendre que la première couche soit exactement séche, avant de passer la seconde ; autrement, ce seroit de l’huile & de la couleur perdues. Ce que je dis des piquets s’applique aux planches : communément on peint le tout en vert ; mais si c’est pour border un gazon, la couleur blanche est plus agréable ; elle contraste avec la couleur rousse ou brune de la terre & la couleur verte de la prairie.

Les briques d’un pouce d’épaisseur, sur huit à dix de longueur, ont l’avantage sur les bordures en bois, de ne jamais pourrir ; ainsi la dépense une fois faite, il ne faut plus y revenir : c’est pourquoi je conseille de n’employer que des briques vernissées en vert, comme la poterie commune. Elles sont plus chères que les autres, il est vrai, mais elles durent beaucoup plus, & n’offrent pas à la vue une vilaine couleur roussâtre, qui se confond avec celle de la terre.


BORNAGE, BORNE. (Voyez Limite)


BOSQUET. Petit bois pour servir d’ornement dans les parcs & dans les jardins de propreté. Il diffère du bocage par sa grandeur & par les soins que l’on donne aux arbres & à leur choix. Le bocage doit avoir l’air d’un lieu brut sortant des mains de la nature ; & le bosquet, au contraire, doit être embelli par la nature & par l’art. Cependant si l’on peut cacher cet art & faire paroître la nature seule, le bosquet en sera plus agréable. On a eu la fureur, jusqu’à ce jour, de les tracer symétriquement, d’aligner les allées & jusqu’aux feuilles des arbres ; mais lorsqu’on s’y promène, l’ennui marche à vos côtés : la symétrie est l’ennemie de la belle & simple nature. On revient heureusement de ces formes antiques & de mauvais goût, & l’on cherche aujourd’hui avec raison, à se rapprocher d’un ordre plus simple.

On distingue les bosquets relativement aux saisons ; c’est-à-dire qu’on a soin de planter dans le même espace de terrain les arbres qui fleurissent dans la même saison. De-là est venue la dénomination de bosquets de printems, d’été, d’automne & d’hiver. Ce dernier est composé d’arbres toujours verts. Je crois qu’on pourroit encore les diviser relativement à la hauteur & à la force des arbres, quoique ces deux objets ne soient pas assez connus pour faire des comparaisons géométriques ; mais des approximations suffisent. Il se présente encore une observation, & elle tient au climat que l’on habite. Par exemple, il est aussi impossible de voir réussir le sapin dans les plaines brûlantes de nos provinces méridionales, que de cultiver le laurier en pleine terre dans nos climats élevés seulement comme Langres, sans parler même des montagnes :