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soit connu, géométriquement démontré comme abus, & que la législation n’y remédie pas. Tout le monde convient que les forêts se détruisent, que chaque jour le bois devient plus rare en France, que des provinces entières en sont dépourvues ; on voit le mal & on défriche toujours.

Les particuliers ne doivent pas vendre ni couper ceux qui leur appartiennent avant qu’ils aient atteint l’âge de quarante ans. On se relâche quelquefois de cette règle à leur égard, parce que la plupart des propriétaires ont souvent un besoin absolu de jouir de leur revenu, & qu’indépendamment de cela les bois des particuliers ne sont pas d’une grande ressource pour l’État ; d’ailleurs on doit supposer qu’un propriétaire est intéressé à gouverner son bien en bon père de famille. Ils doivent, six mois avant de faire la coupe des bois de haute-futaie qui leur appartiennent, à la distance de quinze lieues de la mer, & six des rivières navigables, en donner avis au grand-maître. La loi les oblige encore de donner pareil avis, un an avant l’exploitation de plus de vingt-cinq arpens & au-dessous. Elle leur permet de faire couper jusqu’à trois cent pieds d’arbres au-dessous de trois pieds de tour, & cinquante au-dessus de cette grosseur, au cas qu’ils en aient besoin pour des réparations de maison & de chaussée d’étangs, en en donnant avis au greffe de la maîtrise un mois avant de faire exploiter.

On appelle baliveaux modernes ceux de quarante, cinquante, soixante, quatre-vingts ans ; ceux de l’âge du bois deviennent plus ou moins gros, suivant la force du taillis. Les meilleurs sont ceux d’essence de chêne, de hêtre, de châtaignier ; ensuite ceux d’orme, de frêne ; les cormiers, poiriers, aliziers, &c. ceux de bois blanc, ne sont pas, à beaucoup près, aussi précieux. Il est bon qu’ils soient tous venus de brins, car ceux qui sont immédiatement produits de semences, sont beaucoup meilleurs que ceux qui viennent sur vieilles souches. Il faut qu’ils soient bien venans, de bonne hauteur & de grandeur convenable. Les élandrés, c’est-à-dire, ceux qui sont élevés sans être gros à proportion ; les rafaux, les rabougris, tortus, bossus, ou qui font le pommier, sont peu estimés.

Il vaut mieux vendre les baliveaux à la coupe du taillis, que de faire la vente d’un taillis & de remettre à l’année suivante celle des baliveaux, car outre qu’il en résulteroit une vente par pieds d’arbres, ou en jardinant, ce qui est défendu par les ordonnances, qui veulent que l’on abatte à tire & aire, c’est que l’année d’après, lorsque l’on viendroit à abattre les baliveaux, on pileroit le taillis par le roulement des voitures, la chûte des arbres, & le trépignement des bucherons.

III. Ventes par pieds d’arbres. Elles sont néanmoins permises & même nécessaires lorsqu’il s’agit d’arbres de haies & de palis, ou d’arbres isolés ; comme sont ceux des avenues des châteaux, ou les chênes, ormes, frênes & noyers qui sont répandus çà & là dans les terres.

IV. Ventes par éclaircissement ou par