Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dilatation du corps est celui où la gouttière de l’œsophage s’ouvre pour recevoir la pelotte, & que l’instant où il se resserre subitement, est celui de la déglutition, qui fait entrer la pelotte dans l’œsophage, pour revenir à la bouche, & y être broyée de nouveau.


CHAPITRE VII.

De l’influence de la nourriture et du climat sur le Bœuf.


Section première.

De l’influence de la nourriture.

Les bœufs qui mangent lentement résistent plus long-tems au travail, que ceux qui mangent vîte. Ceux des pays élevés & secs sont plus vifs, plus vigoureux, plus sains, & par conséquent moins sujets aux maladies, que ceux qui sont élevés dans des pays bas & humides. Ils deviennent plus forts lorsqu’on les nourrit au sec, que lorsqu’on les nourrit au vert.


Section II.

De l’influence du climat.

Le climat change la constitution, le caractère & la structure de cet animal. En effet, quelle distance du bœuf anglois au bœuf italien ; celui-ci est petit, lâche ; il a la tête moins ramassée, les épaules moins musculeuses, la poitrine plus étroite, les cuisses & les jambes moins grosses, les pieds plus délicats & moins fermes, tandis que celui-là a le corps grand, la tête courte & ramassée, les oreilles grandes, bien velues & bien unies ; les cornes fortes & luisantes, le front large, les yeux gros & noirs, le mufle gros & camus, les épaules grosses & pesantes, les jambes & les cuisses musculeuses, les pieds ferme, l’ongle court & large.

Les pays froids conviennent mieux au bœuf que les pays chauds : voilà pourquoi les bœufs de Danemarck, de la Podolie, de l’Ukraine, sont les plus gros ; ensuite ceux d’Irlande, d’Angleterre, de la Hollande & de Hongrie ; & que ceux de Perse, de Turquie, de Grèce, d’Italie, de France & d’Espagne, sont plus petits ; voilà pourquoi aussi dans le même royaume, les provinces ne donnent pas des bœufs d’une égale beauté & d’une égale force, & que par exemple, en France, les bœufs d’Auvergne, de Bourgogne & de Limousin, sont plus gros que ceux des autres provinces méridionales ; & que par la même raison, les bœufs de cette partie de Languedoc, qu’on appelle les Cevènes, sont plus grands & plus beaux que ceux du reste de la province.

Pour l’ordinaire, lorsque ces animaux passent subitement d’un climat froid à un beaucoup plus chaud, ils éprouvent des maladies inflammatoires. L’arrangement organique, il est vrai, ne change pas, mais il faut que les solides & les liquides éprouvent une révolution qui les mette, pour ainsi dire, au ton du climat. Ce changement est plus ou moins sensible dans l’économie animale, relativement aux circonstances où le sujet se trouve ; en général, plus la différence dans le degré de chaleur est grande, plus les affections, qui en sont les suites,