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millet, mellier, ou meulier. Il est plus grand que le bonnet, & plus petit que la caillete, qui est le quatrième estomac, auquel nous donnons aussi le nom de franche-mule. Le bœuf, dont les deux premiers estomacs ne forment qu’un même sac d’une très-grande capacité, peut, sans inconvénient, prendre à la fois beaucoup d’herbe, & les remplir en peu de tems, pour ruminer ensuite, & digérer à loisir ; mais le cheval, qui n’a qu’un estomac, ne peut au contraire y recevoir qu’une très-petite quantité d’herbe, & le remplir successivement, à mesure qu’elle s’affaisse & qu’elle passe dans les intestins où se fait principalement la décomposition de la nourriture ; car nous remarquons dans le bœuf, que le foin de la panse est réduit dans une espèce de pâte verte semblable à des épinards hachés & bouillis ; que c’est sous cette forme qu’elle est retenue dans le troisième estomac ; que sa décomposition en est entière dans le quatrième, & que ce n’est pour ainsi dire, que le marc qui passe dans les intestins, tandis que dans le cheval, le foin ne se décompose guère ni dans l’estomac, ni dans les premiers intestins, où il devient seulement plus souple, plus flexible, relativement à la liqueur dont il est pénétré & environné ; qu’il arrive au cœcum & au colon sans grande altération ; que c’est principalement dans ces deux intestins, dont l’énorme capacité répond à celle du bœuf que se fait dans cet animal la décomposition de la nourriture, & que cette décomposition n’est jamais aussi entière que celle qui se fait dans le quatrième estomac du bœuf.


Section II.

Comment se fait la rumination.

Lorsque le bœuf veut ruminer, la panse qui contient la masse d’herbe ou de foin qu’il a mangé, se contracte ; & en comprimant cette masse, elle en fait entrer une portion dans le bonnet, c’est-à-dire, dans le second estomac. Celui-ci se contracte à son tour, enveloppe la partie d’aliment qu’il reçoit, s’arrondit, fait une pelotte par sa compression, & l’humecte avec l’eau qu’il répand dessus, en se contractant. La pelotte ainsi arrondie & humectée, est disposée à entrer dans l’œsophage ; mais pour peu qu’elle y entre, il faut encore un acte de déglutition. Cette opération se fait en peu de tems. Pour s’en assurer, on n’a qu’à jeter les yeux, par exemple, sur une chèvre, tandis qu’elle rumine. Lorsque cet animal a fait revenir une pelotte de la panse dans la bouche, il la mâche pendant une minute ; ensuite il l’avale, & l’on voit la pelotte descendre sous la peau le long du col. Alors il se passe quelques secondes, pendant lesquelles la chèvre reste tranquille, & semble, pour ainsi dire, être attentive au-dedans d’elle-même. Nous avons tout lieu de croire que pendant ce tems, la panse se contracte, & le bonnet reçoit une nouvelle pelotte ; ensuite le corps de l’animal se dilate & se resserre bientôt par un effort subit ; & enfin nous voyons la nouvelle pelotte remonter le long du col. Il paroît que le moment de la