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humide. Ce bluteau-crible prévient tous ces inconvéniens. Pour vanner, on est obligé de jeter en l’air & au loin, le grain chargé d’ordures. Le grain, par sa pesanteur spécifique, tombe le premier & le plus près : mais mêlé avec les petites mottes de terre, égales à son poids, la poussière & les pailles, plus légères, sont entraînées plus loin par le vent : la ligne de démarcation entre le bon grain, le mauvais & les ordures, n’est pas exacte ; de manière qu’on est obligé de revenir plusieurs fois à la même opération. Voici comme je m’y suis pris pour nettoyer mon grain avec le bluteau-crible.

Tout le grain que j’ai à nettoyer est rangé sur une ligne de trois à quatre pieds de largeur, deux pieds environ de hauteur, & la longueur de ce parallélogramme est indéterminée, si c’est en plein air, ou proportionnée à la grandeur du local du bâtiment, si le grain y est renfermé ; le premier est préférable à tous égards. À cinq pieds d’un des bouts du parallélogramme, je place une grille de fer de quatre pieds de largeur, sur cinq pieds de hauteur ; elle est soutenue de chaque côté, dans sa partie supérieure, avec un piquet en bois, terminé dans le bas par une pointe de fer qui entre dans la terre à la profondeur d’un pouce ; par ce moyen les deux piquets une fois assujettis, la grille est solide, parce qu’également à sa base elle est garnie de deux pointes de fer d’un pouce, qu’on enfonce de manière que sa traverse inférieure touche la terre par tous ses points. L’inclinaison de trente degrés est celle qu’on doit donner à la grille, & ses mailles n’ont que six à huit lignes de diamètre.

Deux hommes armés de pelles, sont placés à la tête du monceau de blé, & en jettent alternativement une pellée contre la grille & dans sa partie supérieure. Tout le grain & la poussière passent à travers la grille ; la paille & les épis tombent sur le devant de la grille. Lorsque le monceau de blé passé, lorsque celui des débris de la paille, & que la grille est trop éloignée des travailleurs, alors les deux hommes enlèvent avec leur pelle le monceau de paille, & rapprochent la grille à une distance convenable du blé pour continuer leur opération. Le blé passé est en état d’être porté au bluteau.

Si on demande pourquoi ce premier travail ? je répondrai que lorsque l’on jette dans le bluteau les débris de la paille, & les épis pêle-mêle avec le grain, il faut répéter à plusieurs fois le blutage, au lieu qu’une seule suffit lorsqu’on a pris la première précaution. Si on repasse une seconde fois son grain au bluteau, il en sortira de la plus grande netteté. Cette opération occupe deux hommes, & les deux mêmes suffisent pour le blutage ; un seul cependant suffit pour cette dernière, si au-dessus de la trémie on a ménagé une espèce de magasin ou réservoir à blé ; une fois plein, l’ouvrier pourroit travailler toute la journée & d’un seul trait, s’il n’avoit besoin de repos de tems à autre. Pour qu’il prenne ce repos, il tire une petite corde qui tient à une tirette ou coulisse, & la coulisse, en s’abaissant, ferme l’ouverture de ce réservoir. J’ai fait vanner