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se trouve placée comme dans un réservoir, la substance glutineuse, qu’on devroit appeler gomo-résineuse ? Il n’y parut aucun globule, ni rien qui en approchât. La partie extérieure de cette même membrane paroissoit formée de longs tuyaux lisses, qui ont semblé n’avoir rien de commun avec la substance visqueuse apperçue dans la partie intérieure.

Après avoir enlevé ces deux pellicules ou membranes dont le son est composé, il resta une substance blanche, charnue, d’un blanc jaune & assez semblable à un grain de riz ou d’orge mondé, avec cette différence pourtant, que la substance dont on a parlé étoit moins dure, quoiqu’assez ferme. Placée au microscope double, aucun globule ne fut sensible, & il parut que le tout étoit recouvert d’une membrane extrêmement fine, C. (Fig. 25) Ayant écrasé une portion de cette substance sur un porte-objet de cristal, elle fut placée au microscope simple garni de la lentille n°. 7. Alors une multitude incroyable de globules, brillans comme des pierres précieuses, & adhérens aux filets d’une ramification divisée à l’infini, formoit comme une double grappe de raisin composée de grains sans nombre. (Fig. 25) M. Poncelet vit alors clairement, que ce que l’on prend communément pour une poudre fine, nommée farine, est une organisation surprenante. Chacun de ces grains, d’une petitesse extrême, communique, au moyen d’un vaisseau particulier, avec le dernier nœud F du chalumeau, d’où il tire sa nourriture ; & par un autre vaisseau, il communique au germe D, qui, à son tour, en tire sa subsistance. Tous ces petits vaisseaux EE se réunissent en un vaisseau plus gros GG, placé le long de la rainure du grain, & qui aboutit au germe D auquel il adhère. C’est le commencement de la racine séminale, & par conséquent c’est dans ces gros globules que, suivant toute apparence, il faut placer la substance sucrée & fermentescible, qu’on peut, avec raison, regarder comme la première nourriture du germe.

Médiocrement satisfait de ces observations touchant le lieu où se trouve placée la substance gommo-résineuse, & n’ayant sur cela que des conjectures assez bien fondées, à la vérité, pour établir quelque chose de certain, M. Poncelet résolut, en attendant la parfaite maturité du blé, de faire de nouvelles recherches sur cet important objet.

Il choisit un grain de blé A, (Fig. 26) bien nourri, & qui avoit acquis toute sa grosseur. Il enleva adroitement la première pellicule ou membrane A, & il y apperçut les tuyaux formant un tissu vasculaire. Cette pellicule enlevée, il découvrit la seconde d’une belle couleur verte, & composée comme la précédente, de tuyaux appliqués latéralement les uns contre les autres. Elle fut enlevée de même, & ce fut pour lors qu’il découvrit en B & en très-grande quantité, une substance blanche, épaisse comme de la crême, si visqueuse, que lorsqu’il la touchoit avec le doigt, il en tiroit un fil qui s’étendoit fort loin sans se rompre. Il mit un peu de cette substance au microscope simple, garni de sa plus forte