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un nœud recouvert de la feuille EE ; (Fig. 13, Pl. 9) il fendit cette portion du chalumeau en deux parties égales, afin de pouvoir plus facilement en examiner l’intérieur. Il apperçut d’abord la substance corticale, ou l’écorce A, absolument séparée des autres vaisseaux. Elle formoit en B, lieu où commence la feuille, une anastomose. L’épaisseur du nœud étoit partagée en deux parties C & D, sans aucune cloison sensible. C étoit rempli d’une multitude incroyable de vaisseaux de toute espèce, dont il fut impossible de discerner la forme, & on remarquoit très-aisément les orifices de ceux qui avoient été coupés ; D paroissoit plein de vaisseaux pareils, mais d’un diamètre plus petit, & en même tems plus pressés les uns contre les autres.

Comme M. Poncelet est persuadé que c’est dans les nœuds que s’opère le mélange de la séve ascendante & descendante, il pense que cette séve, dans sa circulation, ne descend pas, comme on l’a cru, depuis l’épi jusqu’à la racine, mais seulement depuis l’épi jusqu’au nœud contigu. De-là une partie de cette séve, & celle qui n’a point été élaborée, descend jusqu’au nœud plus bas, où elle se mêle à une portion de la séve la mieux élaborée de ce dernier nœud, pour remonter ensemble au nœud supérieur, tandis que la portion de séve la moins élaborée redescend vers le nœud inférieur, pour y subir une nouvelle coction. Ces différens mélanges se répètent ainsi sans cesse, à peu près comme le chyle se mêle au sang quand il passe dans le cœur, de-là dans les poumons, pour y être perfectionné ; c’est-à-dire qu’on peut supposer une grande analogie entre la circulation de la séve & la circulation du sang, avec cette différence cependant, que dans l’animal il n’y a qu’un cœur pour élaborer le sang, tandis que dans la plante il y a plusieurs nœuds pour élaborer la séve.

Il coupa ensuite horizontalement une tranche du chalumeau, & vit avec le secours du même microscope de Dellabare, un spectacle qu’on jugeroit imaginaire à l’aspect du dessin. (Fig. 15, Pl. 9) L’écorce A paroissoit goudronnée comme certaines pièces d’orfèvrerie ; elle étoit séparée de l’intérieur E du chalumeau, par un vide assez sensible B. Cette multitude innombrable de points que l’on remarque partout, sont autant de vaisseaux d’une petitesse surprenante.

La Figure 14 de la même Planche représente le milieu du nœud coupé horizontalement. On y apperçoit à peu près le même arrangement de vaisseaux que dans la Figure précédente. Les uns ont paru vides, & c’étoit vraisemblablement les trachées ; les autres étoient pleins d’un fluide transparent.

Le blé étant en pleine fleur, M. l’abbé Poncelet profita de la circonstance pour observer la fleuraison dans tous ses progrès.

L’épi est composé de la tige & des balles. La tige fort grêle, est divisée par des échelons placés alternativement les uns auprès des autres, comme on le voit Pl. 10, Fig. 18, GGG, & Pl. 9, Fig. 12, où l’axe de l’épi en échelons est représenté de grandeur naturelle. C’est sur ces espèces d’échelons que