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maux, & au col qui en est la prolongation. Du centre du pistil, & à travers les petits tuyaux qui forment l’aigrette dont on a parlé, s’élèvent trois cordons, HH, (Fig. 18) & CCC, (Fig. 19 & 20) terminés chacun par une paire de cornets DD, (Fig. 19 & 20) adossés l’un à l’autre par leur partie postérieure : ce sont les étamines, c’est-à-dire, les organes spermatiques, analogues aux testicules des animaux mâles. Lors donc que toutes ces parties sont parvenues au point d’accroissement qui répond à l’âge de puberté, les parties mâles, par une suite de la loi universelle, si sensible dans toute la nature, tendent à s’unir avec les parties femelles, c’est-à-dire, que les étamines répandent une infinité de petits globules F, (Fig. 20) qui ne manquent jamais d’être aussitôt attirés par les stigmates, pour être tout de suite précipités au fond du pistil, c’est-à-dire, dans l’ovaire. Il est facile, au moyen d’une forte lentille, de distinguer dans chaque globule provenu des étamines, une cicatricule A, (Fig. 21) qui s’ouvre pour lancer une vapeur subtile B, vraisemblablement une espèce d’aura seminalis, dans laquelle réside le principe actif, source unique de la vie dans les végétaux comme dans les animaux.

La liqueur séminale sortie de l’ovaire situé au fond du pistil, ne s’est pas plutôt mêlée avec le fluide séminal, émané des étamines & attiré au fond de ce même pistil proche de l’ovaire, qu’il s’y fait une pénétration réciproque & intime des deux semences. C’est l’instant prescrit par la nature, où le germe nouveau commence à exister. Il semble qu’à mesure qu’il s’accroît, que le grain qui le renferme grossit, que la substance muqueuse qui doit le nourrir par la suite, s’accumule dans les deux lobes ; il semble, dis-je, que le reste de la plante languisse : la quantité des parties nutritives, fixes & solides, l’emportant insensiblement sur les mêmes parties fluides & volatiles, l’équilibre, entre les unes & les autres, si nécessaire à la conservation de la plante, se détruit ; il se forme des obstructions sans nombre dans les feuilles d’abord, ensuite dans les tiges, & enfin dans les nœuds ; c’est ce que l’on remarque à la couleur jaune, qui, dans ces conjectures, remplace la couleur verte. Le mouvement d’oscillation, gêné par les frottemens qu’occasionnent les passages rétrécis, ralentit nécessairement son action ; conséquemment la séve ne doit plus circuler que foiblement & inégalement. Le grain cependant prospère toujours, parce qu’il n’a besoin pour sa subsistance, que d’une très-petite quantité de parties nutritives, & même des plus spiritueuses & des plus actives que puisse fournir la séve ; mais il n’est pas plutôt parvenu au point de maturité parfaite, qu’il s’endort. À cette époque, le mouvement d’oscillation, nécessaire jusqu’alors pour lui transmettre les sucs nourriciers devenus désormais inutiles, s’arrête tout-à-coup, la racine, les feuilles, la tige se desséchent, & tout périt. En un mot, ce qui a fait mouvoir tant de puissances pour la production du grain, retire tout-à-coup son principe agissant, & livre à une prompte destruction