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après le tems de la conception, est bien plus frappante. On sait que dans celle-ci le cordon ombilical, après s’être divisé en plusieurs branches vers son extrémité supérieure, porte ses ramifications dans le placenta, membrane épaisse quelquefois d’un bon pouce, toute parsemée de glandes & de vaisseaux, d’où suinte une liqueur douceâtre, qui, après s’être insinuée dans les vaisseaux les plus grêles, est chariée par eux jusqu’au cordon ombilical, d’où elle passe ensuite au fœtus. N’est-ce pas presque mot pour mot, ce qu’on vient d’observer dans le grain de blé lorsqu’il commence à se développer ? N’a-t-on pas vu que de la substance globuleuse, vulgairement appelée farine, il sort une liqueur douce, sucrée, qui sert de nourriture au germe ?

Il est vrai que dans cette description, on n’a parlé ni de l’alantoïs, ni du chorion, ni de l’amnios, autres membranes particulières au fœtus animal ; mais ne pourroit-on pas appliquer ces noms aux diverses enveloppes qui recouvrent le germe immédiatement ? Ces tuniques, ces bourses que les racines déchirent en se prolongeant, ont beaucoup de ressemblance aux membranes qui enveloppent le fœtus.


Section II.

Théorie de l’accroissement.

À peine le germe s’est-il développé, qu’on y remarque un accroissement sensible, & cet accroissement s’opère en vertu des trois premières loix de la nature ; de la loi d’affinité, de la loi d’attraction, & de la loi d’assimilation. La loi d’affinité est celle en vertu de laquelle deux corps d’une même nature, ou d’une nature approchante, tendent à s’unir préférablement aux autres corps avec lesquels ils ont un rapport moins intime. La loi d’attraction est celle en vertu de laquelle deux corps qui ont entre eux un rapport d’affinité, se rapprochent nécessairement, à moins que des obstacles invincibles ne s’y opposent. Enfin, la loi d’assimilation est celle en vertu de laquelle deux corps qui se sont rapprochés par un effet de la loi d’attraction, finissent par s’identifier. Voici l’application de ces loix.

Quelques jours après que le grain a été déposé dans une terre bien meuble, l’humidité, ainsi qu’il a été dit, ayant passé par l’orifice inférieur de l’un des deux conduits qui composent le grand vaisseau destiné à faire les fonctions du cordon ombilical, pénètre insensiblement jusque dans l’intérieur des globules, où elle attaque & dissout la substance muqueuse : celle-ci devenue fluide, & ne trouvant plus d’obstacles à vaincre pour se joindre au germe avec lequel elle a la plus grande affinité, quitte le globule, coule de rameaux en rameaux, jusque dans l’espèce de cordon ombilical dont on a si souvent parlé, s’assimile au germe, s’identifie avec lui ; & par une conséquence nécessaire, augmente le volume de toutes les parties organiques. Cet accroissement parvenu à un certain degré, les racines prennent vigueur, déchirent leurs en-