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milieu en tout, & il vaut mieux que la base du monceau soit dans une petite quantité d’eau, que d’être sans humidité : s’il y a alors trop d’humidité jointe à la chaleur, le milieu du monceau se chancit & prend le blanc. L’art de faire le bon fumier tient à beaucoup de considérations particulières, qui seront détaillées aux mots Engrais, Fumier.

Ceux qui font des couches de champignons, regardent cette chancissure de blanc, comme la matrice des champignons, & ils l’insèrent dans leurs couches.


Blanc, couleur blanche. Il est essentiel de donner cette couleur aux colombiers ; elle y fixe les pigeons, & les y attire.

Le trop grand blanc fatigue la vue ; mais il est agréable lorsqu’il est mêlé ou coupé par la verdure.

Pour blanchir les murs, on se sert communément de la chaux éteinte & délayée dans l’eau. Ce blanc roussit promptement, & salit les habits.

Comme à la campagne on n’a pas toujours des barbouilleurs sous sa main, & que la propreté & l’agrément exigent de donner à l’intérieur des maisons une teinte blanche, voici quelques procédés qu’on peut faire exécuter par ses valets. Je les emprunte du Dictionnaire économique, après les avoir mis en pratique.

I. Pour blanchir les murailles, faites bouillir dans l’eau bien nette, environ le quart de son poids de chaux vive ; délayez-la, & servez-vous en. Posez ensuite sur votre blanc de chaux, une colle composée de gomme arabique, ou de pêcher, de prunier, de cerisier ou d’abricotier. Au défaut de la première, prenez de la gomme adragant, & des rognures de parchemin, que vous aurez mises à discrétion ; faites bouillir le tout dans une suffisante quantité d’eau, & passez-le par un linge. Cette colle fera tenir le blanc & lui donnera beaucoup d’éclat. Si la colle est trop épaisse, ajoutez-y de l’eau ; autrement elle écaillera en se séchant.

II. Prenez une livre de blanc de céruse, non mélangé avec la craie ou le plâtre, ainsi qu’on le vend communément, & dix ou douze livres de plâtre blanc, tamisé très-fin ; détrempez le tout avec l’eau de savon blanc ; & polissez-le avant qu’il soit sec, avec la main, ou avec un sac ou nouet de peau, rempli de laine.

III. Blanc des carmes. Cette manière de blanchir les chambres ou cabinets, est des plus belles & des plus propres. Il faut avoir une bonne quantité de chaux faite de cailloux blancs qu’on rencontre dans les rivières, ou du moins, on se procurera la plus belle chaux qu’on pourra trouver. On la passera bien fin pour la séparer des petites pierres & matières étrangères. On mettra cette chaux dans un baquet ou cuvier de bois, garni d’un robinet à la hauteur de l’espace qu’occupera la chaux ; on le remplira d’eau claire, & on battra bien avec de gros bâtons ce mélange, qu’on laissera ensuite reposer pendant vingt-quatre heures. Après ce tems, on ouvrira le robinet, & toute l’eau qui surnage la chaux s’écoulera : mettez-en de la nouvelle ; battez-la, & répétez