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ment à l’humeur gangreneuse. Cet expédient employé dès la naissance du mal, lui a toujours réussi.

En rabaissant ces branches, on observera de ne les point casser, mais de les couper proprement proche d’un œil, & de soulager beaucoup l’arbre à l’ébourgeonnement ; ensorte que si une branche de la taille du printems en a poussé cinq ou six, on n’en laissera que deux. Au moyen de cette suppression, l’arbre sera plus en état de fournir à la circulation de la séve dans les rameaux qu’on laisse, & d’en produire de nouveaux à la place de ceux qui auront été raccourcis. L’année suivante la taille sera très-courte, sur du bois choisi, & à petite quantité. Le cas présent exige la mutilation des bourgeons par le bout, & c’est peut-être le seul qui oblige de s’écarter de la loi générale.

J’admets avec M. de Villehervé ce rabaissement des branches, & je l’ai souvent évité, en lavant les feuilles, les bourgeons & le bois, & à plusieurs reprises, avec l’eau d’un arrosoir, dont la pomme ou grille étoit percée par des trous très-fins. Cette opération doit avoir lieu du moment qu’on s’apperçoit du blanc. Le succès en est dû au lavage qui détache des feuilles & du bois, & qui dissout cette substance gommeuse, mucilagineuse & sucrée, qui produit sur les uns & sur les autres, le même effet que l’huile sur le corps de tous les insectes quelconques. Cette substance ferme les pores par lesquels la transpiration s’opère, ainsi que ceux par lesquels les feuilles, &c. absorbent l’air & l’humidité de l’atmosphère, qui servent à entretenir le jeu de la séve ascendante, pendant le jour, des racines aux feuilles ; & de la séve descendante, pendant la nuit, des feuilles aux racines. L’insecle dont la trachée artère est placée sur le dos, & qui est fermée par l’huile, meurt apoplectique. L’apoplexie de l’arbre, si je puis m’exprimer ainsi, suivie de la paralysie, reconnoît la même cause, puisque cette couche de blanc bouche les pores inhalans & les pores absorbans ; dès-lors engorgement, reflux de la séve, &c. Les lavages mettant le bois & les feuilles à nu, rétablissent les fonctions de ces pores, si l’obstruction de leur orifice n’est pas trop invétérée.

IV. Blanc du fumier. C’est une suite de la trop grande, trop longue & trop forte fermentation. Alors les couches, ou bien les fourchées de fumier pailleux, ainsi qu’elles ont été placées, acquièrent dans leurs interstices une couleur blanche ; & le fumier, dans cet état, a perdu presque toute sa force. On pourroit même dire qu’il n’est plus utile que lorsqu’il se change en terreau. Le blanc ne survient ordinairement pas au fumier qui est étendu & pas trop amoncelé, & ces couches blanches & chancies ont communément lieu dans l’été, si on n’a soin, de tems à autre, d’arroser le monceau de fumier, & de faire en sorte de rendre à l’intérieur la portion d’humidité qui s’en exhale. Le monceau de fumier trop sec n’est pas exposé au blanc ; mais cette dessiccation trop forte permet l’évaporation de la majeure partie de ses principes. Il y a un juste